Triskalia va commercialiser un service nouveau pour la lutte contre la pyrale : l’épandage par drone de trichogrammes.
La pyrale gagne du terrain. Petit à petit, le ravageur remonte vers la région, dévorant au passage les tiges et épis de maïs. « Il se développe de plus en plus dans le sud de l’Ille-et-Vilaine, à l’est du Morbihan et dans la région de Lamballe (22) », situe Laurent Gougeon, en charge du développement chez Caliance. Pour autant, des moyens de lutte existent, qu’elles soient chimiques ou biologiques, comme avec l’introduction dans la parcelle de trichogramme, petit hyménoptère qui va parasiter l’œuf de la pyrale.
La chenille devient papillon
Sylvain Pradeaux, un des associés de la SCEA ar Verouri Nevez à Pipriac (35), fait les frais du ravageur depuis quelque temps. Il a mis en place différents moyens de lutte pour préserver ses cultures. « Cette année, j’ai introduit des trichogrammes sur 15 ha à l’aide de plaquettes. 19 ha sont traités chimiquement, et 15 autres ha ont vu le passage du drone, larguant durant son vol des capsules renfermant l’auxiliaire ». Le petit appareil volant, capable d’embarquer 5 kg de capsule, a balayé le ciel pour placer régulièrement les populations d’hyménoptère. À raison de 100 capsules par ha, le drone est capable de survoler 1 ha en 3 minutes en moyenne. « Pour les plaquettes, le temps de pose est beaucoup plus fastidieux, à raison de 15 ha en 2 heures à 2 intervenants », chiffre le producteur.
Que ce soit par la pose de plaquettes manuellement dans la parcelle ou par des capsules avec le drone, les supports contiennent plusieurs générations de trichogramme. « 7 générations vont émerger par la suite dans le champ. La seconde éclosion a lieu 48 heures après la première, pour couvrir la période de ponte de la pyrale », explique Laurent Gougeon. La microguêpe va pondre dans l’œuf du parasite, le détruisant et cassant ainsi le cycle de développement.
Pièges lumineux
La période de pose de plaquettes ou de capsules de trichogramme est déclenchée par des outils d’aides à la décision, « comme des pièges lumineux, qui mesurent les vols de pyrales. Au-dessus d’un certain seuil, il convient d’intervenir : un faible nombre de papillons peut provoquer de gros dégâts, aussi bien des casses de tiges ou encore le développement de mycotoxines ou de fusarioses quand la chenille s’attaque aux épis », note Laurent Gougeon. La dépose de capsules par le drone, rapide et efficace, intervient à un moment de l’année ou les pics de travail sont fréquents. Avec les plaquettes, le temps de mise en place est plus long, le gain de temps est fort appréciable avec les capsules.
[caption id= »attachment_20635″ align= »aligncenter » width= »600″] Les capsules, déposées dans la parcelle, vont libérer progressivement 7 générations de trichogramme[/caption]
Une lutte biologique bon marché
Fournie par l’entreprise De Sangosse, la commande de trichogrammes doit être anticipée, afin de disposer du procédé en temps et en heure. « Comparé à une méthode de lutte chimique, le service me coûte 55 € par ha, capsules et vol du drone compris. Une application insecticide revient à 65 €, en comptant la prestation d’épandage par un enjambeur », chiffre Sylvain Pradeaux. Une méthode efficace, moins onéreuse qu’une lutte chimique, qui va dans le bon sens. « On ne fait que favoriser la nature », conclut Laurent Gougeon.