Le TechnoGrazing est une méthode de pâturage de précision consistant à découper les prairies en petites cases de surface identique sur lesquelles les animaux effectuent des séjours courts de un à trois jours. Intéressant pour l’élevage des futures laitières.
Tout droit venu de l’hémisphère sud, couramment appelé TechnoGrazing dans les pays anglo-saxons, « le système couloir » se développe à travers le monde. Cette technique de pâturage intensif est la plus aboutie pour optimiser les performances au pâturage : jusqu’à 1 t de carcasse produit à l’hectare. Elle repose sur le principe de la division des parcelles en petites surfaces élémentaires. Différentes exploitations laitières françaises s’y penchent pour l’élevage des génisses suite aux bons résultats sur des exploitations allaitantes.
Des parcs d’1/10e d’hectare
Le principe est simple : optimiser la valorisation de l’herbe en offrant une ressource en herbe équivalente au besoin du troupeau sur un temps défini. En d’autres termes, c’est un système très modulable et adaptable selon le nombre d’animaux et le contexte pédoclimatique de chaque ferme. En comparaison à un système de pâturage fixe ou tournant simplifié, les différences de productivité de la prairie peuvent atteindre facilement 30 %. En pratique, le système est basé sur des couloirs de 40 m de large, avec une clôture en fil high tensil.
Sur ces lignes, des piquets fibres sont disposés tous les 25 mètres, permettant de partager facilement la ressource offerte en part d’1/10e d’hectare. On corrèle ensuite cette ressource au besoin du troupeau. Les animaux ont ainsi une surface donnée, délimitée par un fil avant-arrière. Un bac à eau de 80 litres suit l’avancement du troupeau grâce à un circuit d’eau équipé de raccords rapides sous les clôtures, permettant un accès facile à l’abreuvement.
Valoriser l’herbe au meilleur stade
L’objectif est de valoriser un maximum d’herbe au meilleur stade afin de fournir un fourrage de très haute qualité nutritionnelle aux animaux. Un temps de séjour d’une journée par « case » permet d’optimiser les performances animales. Cependant, il est possible d’offrir le temps de séjour que l’on souhaite, tout en gardant à l’esprit qu’une durée de trois jours de présence correspond à la limite botanique pour ne pas rentrer dans un cycle de surpâturage. Sans quoi, cela impacterait grandement le potentiel de repousses des plantes ainsi que les performances animales de plus de 20 % (Brougham & Cosgrove, 1985).
Avantages multiples
La méthode du TechnoGrazing a plusieurs intérêts :
• Atteindre de très haute performance de croissance à l’hectare sans complément.
• Offrir une herbe d’excellente valeur nutritionnelle et énergétique, favorable à la santé animale.
• Élever des animaux plus calmes, moins enclins au stress.
• Avoir une gestion optimale des plantes avec beaucoup moins de refus (respect des résiduels).
• Opter pour un piétinement régulier qui joue le même effet qu’un hersage.
• Obtenir une meilleure répartition des fèces, se répercutant sur la fertilité du sol (meilleur recyclage des éléments nutritifs).
Compter 100 € pour clôturer un hectare
La mise en œuvre de ce système peut paraître complexe et coûteuse en premier abord. Mais cette première impression est vite dissipée par les éleveurs qui l’ont adopté (voir encadré). D’une façon plus générale, il faut compter de l’ordre de 100 euros par hectare pour les clôtures et un système pour l’abreuvement selon la topographie de la parcelle. Au niveau installation, la mise en place représente une journée de travail par hectare environ. Florent Cotten – conseiller chez PâtureSens
Testé dans le morbihan
Éleveur laitier à Kergrist (56), Samuel Servel s’est orienté vers le pâturage de précision depuis un an. Il a décidé d’améliorer sa gestion herbagère à l’échelle du système d’exploitation : paddock journalier pour les laitières, système couloir pour les 40 génisses. Objectif : vêlage 24 mois avec de bonnes croissances des futures reproductrices en s’appuyant au maximum sur l’herbe. Pour y parvenir, le TechnoGrazing semblait l’un des meilleurs moyens. Auparavant, le problème du site était l’accès à l’eau. L’installation d’un circuit avec raccords rapides a totalement changé et simplifié son approche herbagère.
« Ce système me permet de gagner en souplesse au niveau gestion de l’herbe des génisses. Je viens les changer de « parc » tous les 2 ou 3 jours. Cela me prend en gros 10 à 15 minutes », raconte le Morbihannais. « Je constate des animaux plus calmes. Dans les prairies, j’ai beaucoup moins de refus que précédemment et l’herbe repousse plus vite du fait du temps de séjour plus court des animaux et du fil arrière qui concentre le passage. Je remarque également déjà une amélioration de la qualité de flore des parcelles », cherchant par ce biais à faire vieillir ses prairies. Le producteur de lait termine : «Les jeunes sont tout à l’herbe depuis début mars. J’observe de belles bouses, un beau poil et surtout de très bonnes croissances».