Nous avons cette année en Bretagne de nombreuses pertes de pieds de maïs occasionnées par la mouche géomyza. Elles vont être très pénalisantes, tant en grain qu’en fourrage, mais surtout très variables selon les zones géographiques et la protection insecticide. Après l’état des lieux des dégâts, le calcul des conséquences sur les résultats techniques et économiques, réfléchissons, dès à présent, à la reconstitution de stocks fourragers.
Les parcelles les plus touchées sont celles dont les maïs n’avaient pas de protection insecticide Sonido. En effet, seul l’imidaclopride, contenu dans le Sonido, a une action sur la mouche géomyza. Sur ces parcelles les attaques sont nettement moins importantes. Les autres protections, notamment les microgranulés ne sont pas efficaces. Le coût du Sonido (environ 70 €/hectare) et la pression environnementale sont cependant des freins à son utilisation.
Sur les parcelles non protégées, les pertes de pieds vont de 5 % à 80 %. Celles destinées au grain ont, pour une grande majorité, été laissée telles quelles. Un re-semis trop tardif ne permettra pas au maïs d’arriver à maturité. En ensilage, les parcelles les plus touchées ont généralement été re-semées ou sursemées. De nombreux champs se trouvent donc aujourd’hui avec des densités très variables.
Des conséquences économiques chiffrables
Les pertes directes sont chiffrables, en prenant une valorisation de la tonne de matière sèche de maïs à 90 € (cf. tableau). À cela il faut rajouter le coût du re-semis éventuel (semence et mécanisation). Le plus compliqué est d’estimer les conséquences pour un élevage. Il s’agit d’évaluer le manque de nourriture pour le troupeau ainsi que la baisse de qualité des maïs re-semés et/ou sur-semés. Une analyse du fourrage sera indispensable pour connaître le taux de matière sèche et la valeur alimentaire (énergie, protéine) afin d’ajuster au mieux la complémentation.
Rebondir
Sachant qu’une vache laitière plus la suite consomme 4 tonnes de MS de maïs et 2 tonnes de MS d’herbe par an, il faudra pallier le manque de fourrages, mais aussi la perte de valeurs alimentaires de ces maïs. Les stocks de maïs existants doivent être estimés et réservés de préférence aux vaches laitières. Pour remédier aux manques de quantité et de qualité des maïs, il faut réfléchir aux solutions alternatives. L’implantation d’une dérobée après moisson peut compenser en partie les pertes (cf. tableau). Les bonnes pratiques agronomiques conditionneront la productivité de cette interculture.
Une bonne préparation du lit de semences (2-3 cm de profondeur), une fertilisation adaptée ainsi qu’une protection contre les limaces (selon les espèces) sont primordiales pour sa réussite. L’objectif est de semer le plus tôt possible après moisson, sans oublier qu’après une orge, un faux semis ou un labour, sont fortement souhaitables afin d’éviter la concurrence des repousses. En cas de fort déficit de maïs on peut également nourrir les génisses en ration sèche, paille plus complémentaires, pour les rations hivernales. André Yvinec / Triskalia
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