La méthanisation a permis la création d’emplois de territoire sur une unité économique non délocalisable.
Au Gaec des Friches, à Saint-Nicolas-du-Tertre (56), ce sont 13 emplois qui ont été créés, en plus de l’arrivée d’un troisième associé. « Un atout pour notre petite commune rurale de 500 habitants », avoue Dominique Monneraye, un des associés. Avant d’expliquer : « Mais le projet a été long et laborieux. Nous voulions nous diversifier, face à la fin des quotas, à l’image de ce qu’ont fait nos voisins étrangers. La méthanisation était un sujet dans l’air du temps. Nous étions partis sur un petit projet avec l’ambition de chauffer les bâtiments de la commune. Mais en deux ans d’instruction, les règles ont changé, il nous fallait valoriser la chaleur. Il a alors fallu remettre à plat toute la réflexion ».
Deux nouveaux métiers, sans expérience
C’est ainsi qu’ils se sont tournés vers une serre maraîchère de 1,5 ha. Un projet plus dur à mettre en œuvre et à faire valider aux financeurs, avec un montant d’investissement de 4 millions d’euros (1,8 million pour un méthaniseur de 250 kW et 2,2 millions dans les serres, chauffées à 30 % par la chaleur du méthaniseur et 70 % par une chaudière bois) et deux nouveaux métiers à apprendre. Il aura fallu 5 ans de persévérance et de lutte parfois avec l’Administration pour que le projet aboutisse. Des freins économiques et administratifs selon lui qui expliquent le peu d’unités présentes dans les campagnes.
Une recherche d’autonomie
Tous les effluents de l’exploitation sont ainsi valorisés. « Nous sommes à 75 % autonomes pour alimenter le digesteur ». Une usine à proximité fournit du marc de pomme que les associés vont chercher. Les coûts de transports générés sont compensés par l’opportunité d’avoir de la matière en continu toute l’année. Le digestat est alors valorisé sur maïs, blé et prairies. La part de l’herbe reste importante pour limiter le coût alimentaire : le troupeau laitier est géré en deux lots (une partie est en traite robotisée et alimentée en affouragement en vert, l’autre pâture et passe en salle de traite).
Des projets plein la tête
Pour réduire de 30 % les charges de structure, la méthanisation et la surface de la serre devraient être doublées. 10 nouveaux emplois devraient être créés, car l’activité tomate est gourmande en main-d’œuvre. Et ce sont des emplois durables, des « emplois de territoire d’une unité de production non délocalisable », insiste-t-il. « Nous étudions aussi aujourd’hui la faisabilité technique et le coût de la récupération du CO2 de la méthanisation pour l’injecter dans la serre ».