Contenir le réchauffement climatique à 2°C « pour une planète vivable »

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Les effets du climat sont déjà perceptibles. Jean Jouzel, climatologue et glaciologue de renom, invite les citoyens à regarder la réalité en face et à agir.

« Les émissions de CO2, CH4, N2O, vapeur d’eau absorbent une partie du rayonnement, et augmentent le réchauffement sur terre, d’environ 1 % depuis 200 ans. Du fait de nos activités humaines, nous modifions le climat », a commencé Jean Jouzel, expert international en climat et glaciologie, lors d’une conférence-débat organisée dans le cadre du comice du canton de Saint-Aubin-du-Cormier (35). « On observe déjà les changements : dilatation des océans, fonte des glaces… »

« La hausse des températures n’est pas encore dangereuse pour les hommes. Mais si l’on veut que notre planète reste vivable pour un maximum de personnes, sans exacerber la pauvreté, mieux vaut tout faire pour éviter une hausse de température de 4 – 5°C en moyenne. Nous serions confrontés à de forts extrêmes climatiques, à des problèmes de ressources en eau, de sécurité alimentaire, des réfugiés climatiques toujours plus nombreux… »

Des rendements de cultures affectés

Au niveau agricole, les rendements des principales cultures (blé, riz, maïs, soja) seront affectés dans les régions tropicales et tempérées. « Déjà en blé en France, nous observons l’influence du climat sur les rendements », précise l’expert. « Peut-être que la Sibérie pourrait profiter un temps du réchauffement, mais à l’échelle de la planète, la production chuterait. »

En France, l’agriculture est responsable à hauteur de 20 % des émissions de gaz à effet de serre (Ges). Une part qui augmente en Bretagne (45 %) du fait de l’importance de l’activité d’élevage. Selon le climatologue, sur les émissions comme sur les solutions, le monde agricole a un rôle à jouer, « dès aujourd’hui, avant 2020. Il a même été en retard à l’allumage. Pour qu’on avance plus vite, il faudrait donner un prix au carbone et rétribuer derrière. » Autre enjeu, « les sols contiennent trois fois plus de carbone que l’atmosphère. Nous devons augmenter ce stockage. » Le monde agricole a également les clés en main sur l’éolien, le solaire, la biomasse…

Des avancées politiques

Les scientifiques ont commencé à s’intéresser au climat, puis à sensibiliser les décideurs politiques dans les années 70 – 80. « Le premier rapport alarmiste du Giec* date de 1990 et se confirme aujourd’hui. Le protocole de Kyoto et la conférence de Copenhague ont été des échecs », rappelle Jean Jouzel. La Cop 21 à Paris a conclu à un objectif politique de stabilisation du réchauffement climatique à 2°C maximum d’ici à 2100. « Un scénario sobre qui devrait permettre aux jeunes d’aujourd’hui de s’adapter, mais pas à tout. Il faut d’ores et déjà qu’ils tiennent compte de la montée des eaux par exemple. » La Cop 22 en 2016 à Marrakech doit être « la conférence de l’action. Un premier bilan sera fait en 2018. »
* Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.


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