Du tribulum à la moissonneuse-batteuse dernier cri, le Festival des battages nous dit tout sur l’histoire de la récolte des grains de céréales.
« Nous préparons une journée riche pour que les visiteurs puissent cheminer à travers des scènes de battage racontant la récolte des céréales des origines à aujourd’hui », promet Gérard Durot, co-président de l’association organisant le Festival des battages de Plumaugat (22). Panneaux explicatifs, démonstrations de techniques à l’ancienne, expositions de matériel d’époque… Le dimanche 21 août sera l’occasion de devenir incollable sur le sujet.
[caption id= »attachment_21321″ align= »alignright » width= »256″] Le tribulum est une sorte de traîneau de bois tiré par des animaux. Passé sur la récolte de céréales disposée au sol, il permet de séparer le grain de la paille.[/caption]
Pour la première fois, un tribulum
« Battre, c’est l’action de séparer le grain de la paille », reprend-il. « Parallèlement à la culture des céréales, au fil des siècles, l’homme n’a cessé d’améliorer méthodes et matériels de battage », poursuit le spécialiste, responsable SAV en mécanique agricole. « La première technique était basée sur l’usage d’un tribulum ou planche à dépiqueter. Une pièce de bois équipée de silex sur le dessous que l’on passait sur les céréales disposées sur le sol. Une sorte de traîneau tiré grâce à la traction animale – chevaux, ânes, bœufs – et peut-être même dans certaines civilisations par des esclaves. Cette manière de battre a été utilisée pendant 2000 ans au moins, jusqu’à la fin du XIXe siècle. » À Plumaugat, sera présenté un exemplaire de tribulum prêté par un collectionneur.
Fléau puis ensemble de batterie
Parallèlement, le battage au fléau (batte en bois dur reliée à un manche par une courroie), a été utilisé depuis l’Antiquité jusqu’au début du XIXe siècle. Épuisant, il consistait à égrener en frappant la récolte étalée sur le sol. « En tenue d’époque, les Battous du Cotentin, un groupe venu de Normandie, feront la démonstration de cette pratique. »
L’étape suivante marque l’arrivée des premières batteuses entraînées par un manège à 4 chevaux vers 1910 – 1920. « C’est aussi le moment où les premières faucheuses apparaissent pour remplacer peu à peu la faux. Ensuite viendront les javeleuses, puis les javeleuses-lieuses : des machines capables de confectionner les javelles puis de les lier, ces paquets de céréales que l’on ramenait dans les cours de ferme pour les battre. »
Pendant la Guerre 14-18 se développe la locovapeur, appelé aussi le grand travail : « Les chevaux étant réquisitionnés par l’armée, c’est une machine à vapeur qui entraîne la batteuse. Avec sa longue courroie qui éloigne la vapeur et le feu de la paille afin d’éviter les risques d’incendie… » Vers 1930, arrivent les premiers moteurs électriques à poste fixe puis les premiers tracteurs. Pour faire tourner les « batteries » dans les cours, 25 à 30 personnes, les forces vives de plusieurs fermes, étaient rassemblées.
La moissonneuse-batteuse s’impose
L’arrivée des premières moissonneuses, « automotrices et modèles tractés ensemble », date de la fin des années 50. Un moment charnière. « C’est le premier matériel de l’histoire qui moissonne, c’est-à-dire qui fauche, et qui bat à la fois. Cette machine qui effectue ces deux étapes en même temps est une révolution. » Elle ne s’impose pourtant pas d’un simple claquement de doigts : « Au départ, elle n’était utilisée que pour les orges. On ne faisait pas assez confiance à cette nouvelle technologie pour lui confier le blé qui était trop précieux et continuait donc à être battu dans les cours. Mais dès 1965, la moissonneuse-batteuse se généralise partout. » À l’époque, elle mettait le grain en sac : « Une technique abandonnée dans les années 70 au profit des trémies de stockage et des remorques. »
En réalité, déjà avant la Seconde Guerre mondiale, quelques rares prototypes avaient émergé dans les campagnes. « Dans notre collection, nous conservons en état de fonctionnement l’une des toutes premières moissonneuses-batteuses. Une machine bretonne de marque Guillotin fabriquée à Gaël en Ille-et-Vilaine dont les premiers essais remontent à 1936 ! Elle était tirée par des chevaux et un moteur à essence entraînait la batteuse. »
Insatiable progrès
« On mesure tout le chemin parcouru. Des premières moissonneuses qui fauchaient une largeur d’1,80 m aux barres de coupe actuelles qui atteignent 9 m et peuvent avaler plus de 25 t de grain par heure… », souligne Gérard Durot, 55 ans, qui a connu enfant le battage dans la cour de la ferme familiale. « Et le progrès ne s’arrête pas : l’électronique embarquée, le guidage par GPS, l’assistance au chauffeur, les capteurs pour la cartographie de rendement instantané… Les visiteurs auront l’occasion d’admirer aussi ce matériel d’aujourd’hui. » Vers 16 h justement, rendez-vous est donné pour un « moment fort » du Festival : « Nous allons faire évoluer côte à côte 8 à 10 machines qui représenteront chacune une époque. »
Programme du dimanche 21 août
10 h 30. Messe en plein air, expositions, démonstration de labour à l’ancienne, animation musicale, labyrinthe pour les enfants…
12 h : Restauration. (pot-au-feu ou restauration rapide)
14 h : Défilé en tenue d’époque, métiers d’autrefois.
18 h 30 : Ragoût.
Entrée à 6 € ; pass (entrée + repas du midi café et cidre compris) à 17 € ; ragoût à 9 €.
Renseignements : 02 96 83 12 31 ou festivaldesbattagesdeplumaugat.blogspot.fr