Et si l’agriculture en pleine tourmente se trompait de débat. De nombreux chercheurs et philosophes sont en effet convaincus que l’agriculture, telle qu’on la connaît aujourd’hui, est vouée à disparaître. Que les nouvelles technologies vont nourrir la planète. Que cette évolution sera encouragée par des débats de société sur le bien-être animal et le réchauffement climatique.
Après les fromages sans lait et les œufs sans poule, les « révélations » sur cette agriculture high-tech se succèdent. Il y a exactement trois ans, l’université de Maastricht proposait une dégustation de hamburger garni d’un steak haché cultivé in vitro. Les goûteurs au palais affûté n’y ont vu que du feu. Les scientifiques néerlandais visent à présent à produire ce burger pour 10 € à terme de 5 ans.
« L’aile ou la cuisse » version Tricatel et de Funès bientôt dans nos assiettes.
À San Francisco, c’est la start-up Memphis Meats qui compte bien commercialiser ses saucisses et boulettes « à des prix compétitifs » dès 2021. En Israël, le professeur Yaakov Nahmias imagine une machine qui fabriquera du poulet synthétique à partir de cellules souches encapsulées comme du café expresso. « L’aile ou la cuisse » version Tricatel et de Funès bientôt dans nos assiettes !
On pourrait croire que ces innovations sont le fait de quelque professeur Tournesol un peu déjanté. Mais il s’avère que ces start-up de l’alimentation du futur gagnent la confiance des investisseurs qui lâchent des milliards de dollars pour accompagner ces projets. Avec des ambitions qui laissent songeuses, comme celle du patron de Memphis Meats : « Nos produits sont à l’industrie de la viande ce que l’automobile a été au cheval. La viande de culture remplacera complètement la viande existante, rendant l’élevage d’animaux à des fins alimentaires tout simplement impensable ».