Chaulage, choisir son amendement

carrence-manganese - Illustration Chaulage, choisir son amendement
Le chaulage ne doit pas être systématique, mais raisonné en fonction du pHeau de la parcelle.

Le choix de l’amendement dépend du niveau de pHeau de la parcelle. À l’exception des parcelles qui nécessitent un redressement urgent (pHeau < à 5,5), les amendements à action moyennement rapide ou lente suffisent.

En pH acide, l’aluminium devient toxique

L’abaissement du pH dans les sols acides contribue à rendre de plus en plus solubles certains composés minéraux contenant de l’aluminium. Ces composés deviennent toxiques et conduisent à des baisses de rendement importantes lors-que le pHeau est inférieur à 5,5. La suppression de la toxicité de l’aluminium dans les sols trop acides (pHeau < 5,5) est la fonction première du chaulage.

Quel type de produit ?

Les amendements disponibles sont de deux types : les produits cuits (oxydes de calcium et de magnésium) et les produits crus (carbonates de calcium et de magnésium). Ces derniers sont classés comme pulvérulents, broyés ou concassés selon leur granulométrie. Avec la solubilité carbonique, ce critère conditionne la vitesse d’action de l’amendement. Les produits pulvérulents, les plus fins, ont donc généralement une action rapide et conviennent bien pour les apports de redressement, alors que les produits broyés ou concassés, dont l’action est plus étalée dans le temps, conviennent bien pour les apports d’entretien. Attention, la qualité de l’incorporation est primordiale : un produit cuit et fin mal incorporé n’aura pas d’action rapide.

Gare aux excès

Des risques de carence sévère en oligo-éléments (manganèse, bore, cuivre, zinc) sont à craindre dans certains sols, en particulier les sols granitiques riches en matière organique (MO), au-delà d’un pHeau de 6,5 (voir tableau). Un suivi réalisé en Bretagne, sur 16 parcelles présentant de fortes carences en manganèse sur céréales, a montré que ces parcelles présentaient un pHeau élevé proche de 6,8. Ainsi, il est recommandé de ne pas dépasser un pHeau de 6,5 voire 6,2 dans le cas de carences manganiques avérées par le passé. Entretenir un pHeau plus élevé que 6,5 ne se justifie que dans les sols limoneux battants avec des teneurs en MO inférieures à 2,5 % des systèmes légumiers du Nord-Bretagne. Par ailleurs, le piétin échaudage et la gale de la pomme de terre deviennent plus importants lorsque le pHeau est proche de 7. Si des symptômes ont déjà été observés, il faut veiller à ne pas dépasser ce seuil de 6,5.

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Pour le chaulage d’entretien, une action rapide n’est pas nécessaire

Tous les essais réalisés depuis de nombreuses années (INRA, Instituts, Chambres d’agriculture) ont montré que les produits d’action lente (carbonates broyés, sables calcaires…) répondent bien aux objectifs d’une stratégie d’entretien dans tous les sols régulièrement travaillés. La dissolution dans le sol de ce type d’amendement assurée par les opérations de travail du sol, permet de libérer chaque année une quantité suffisante de bases pour neutraliser l’acidification du sol.

En Bretagne, les références montrent que des apports moyens annuels inférieurs aux préconisations courantes (200 à 300 kg CaO /ha/an) permettent d’entretenir le pH du sol lorsque les parcelles reçoivent régulièrement des apports raisonnés d’effluents d’élevages. En cas d’apports occasionnels ou en l’absence d’apports d’effluents d’élevages la préconisation de 200 à 300 kg CaO par hectare et par an reste valable. Les apports peuvent être bloqués pour 4 à 5 ans.

Dans tous les cas, seul le suivi régulier du pHeau permet de gérer de manière précise le chaulage d’entretien. Tant que le pHeau ne descend pas au-dessous de 6, l’apport d’amendement peut attendre ou pourra être réalisé à une dose plus faible que prévu.

Les produits à action rapide justifiés en cas de redressement

Les produits à action rapide tels que les chaux et carbonates pulvérisés ne s’imposent que dans les situations nécessitant un redressement d’urgence, c’est-à-dire lorsque le pHeau est inférieur à 5,5 et que le délai entre l’apport et l’implantation de la culture suivante est court (quelques semaines). Dans les autres cas, les amendements à action moyennement rapide ou lente conviennent également.

Alain Bouthier, Éric Masson  / Arvalis-Institut du végétal ; Nina Rabourdin / Terres Inovia ; Daniel Hanocq / Chambre régionale d’agriculture de Bretagne


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