Les cultures de maïs n’ont pas été épargnées par le climat, sec, ou les attaques de mouches recensées dès le semis. Le point sur les premiers ensilages de la région.
Le top départ de la saison d’ensilage est donné par les machines de récolte dans les zones les plus précoces. Les cultures de maïs ont dû lutter contre différentes agressions, comme les attaques de géomyzes, qui ont contraint bon nombre de producteurs à resemer, ou à des précipitations quasi nulles donnant par endroits des végétaux levant les bras au ciel, et semblant implorer un arrosage nécessaire à leur développement. Résultat : les parcelles, très hétérogènes, laissent planer le doute chez les producteurs quant au rendement final et à la valeur alimentaire du fourrage.
« Nous avons démarré les ensilages en début de semaine, avec des maïs semés sous plastique. Au final, nos producteurs stockent 15 à 16 tonnes de matière sèche par hectare. Les rendements sont toutefois très hétérogènes : en fonction du type de sol, la réserve utile n’est pas la même, certaines parcelles ont gardé de la fraîcheur », remarque Pierre-Henri Hamon, gérant d’une entreprise de travaux agricoles basée à Guer (56) et Iffendic (35). L’hétérogénéité est aussi constatée en intraparcellaire, avec les mesures en continu des taux de matière sèche par infrarouge sur la goulotte de l’ensileuse. « Nous le constatons tous les ans, mais pas de façon aussi marquée », précise l’entrepreneur, qui travaille en conditions sèches, avec beaucoup de poussière. Fort heureusement, cet apport de terre, non significatif par rapport à une récolte en conditions boueuses, ne joue pas sur la conservation de l’ensilage au silo.
Des maïs qui dessèchent vite
Sur la zone de présence de l’ETA, entre Guer et Iffendic (35), « une centaine d’hectares ont été ressemés à cause des attaques de mouches. Globalement, les parcelles concernées et semées tardiveprésentent peu de potentiel, avec peu de grain dans la plante, pour les champs ressemés en sol nu et sans traitement de semence Sonido. D’un point de vue général, nous sommes entrés dans les chantiers d’ensilage avec 8 à 10 jours d’avance par rapport à la moyenne quinquennale. La sécheresse accélère la finition des plantes et la maturité, nos clients recherchent le meilleur compromis entre maturité du grain et taux de matière sèche plante entière. Les maïs vont cette année être plus difficiles à hacher, plus tirants », pense Pierre-Henri Hamon.
1 point de matière sèche peut être gagné en 2 jours, avec les conditions actuelles.
Même constat chez BCEL Ouest, qui débute des analyses de matière sèche sur toute la Bretagne, et examine les 200 analyses réalisées sur des échantillons de plantes entières fournies par les éleveurs. « Deux rencontres ont eu lieu en ce début de semaine, à Berric (56) et à Malansac (56). Les premiers résultats nous indiquent des taux de matière sèche de 29 à 30 %. Les ensilages vont réellement démarrer cette fin de semaine, avec 7 à 10 jours d’avance par rapport à une année normale. Les feuilles vertes situées au-dessus de l’épi dessèchent vite, en partie à cause du déficit hydrique », explique Romain Guégant, responsable technique fourrage chez BCEL. Pour les tests de Malansac, les mesures se situent « 3 points en dessous des essais de Berric. Les parcelles sont en revanche plus hétérogènes, car préservées de conditions sèches », remarque-t-il.
Déficit hydrique record
Les faibles précipitations de l’été annoncent des records de déficit hydrique, en comparaison aux 30 dernières années. Le Sud-Morbihan n’a recueilli que 15 ou 20 mm d’eau sur les deux mois d’été. Les températures douces accélèrent la phase de maturité, car « un maïs entre 25 et 30 % de matière sèche gagne 1 point tous les 25 °C base 6. Avec les matins doux, jamais en dessous de 12 °C que nous connaissons ces dernières semaines, et des pics de chaleur pouvant frôler les 30 °C, la végétation peut gagner 1 point en 2 jours », calcule Romain Guégant. Il remarque tout de même que « les plantes ont du grain, même en cas de sécheresse avérée. Les épis sont présents ».
Pour les agriculteurs concernés par des resemis, « les résultats sont satisfaisants pour ceux qui ont réussi à semer précocement. Les implantations de juin ont peiné à démarrer, puis ont souffert du manque d’eau de juillet et d’août. Ces maïs seront chétifs. Il est toutefois trop tôt pour tirer des conclusions, notamment pour les zones particulièrement touchées par la géomyze, comme dans le secteur de Rostrenen ou du Nord-Finistère ». Une année compliquée donc, et où la vigilance est de rigueur sur le tassage du fourrage au silo, rendu plus difficile avec des plantes riches en matière sèche.
Adapter la finesse de hachage
Dans une année normale, 55 % de la matière sèche provient de l’épi, le reste des tiges et des feuilles. Cette proportion est inversée cette année. La plante nourrit son épi pour le conduire à maturité. Or, quand la végétation est complètement desséchée, l’épi n’est plus alimenté. Les maïs en stress hydrique auront moins d’amidon, donc des UF en baisse, avec des taux de lignine importants, et le stade laiteux des grains au moment de l’ensilage induit des pertes de valeur alimentaire. Il faut être très vigilant au niveau du tassage du silo, l’emploi d’un conservateur est justifié. Pour les chantiers, les couteaux de l’ensileuse doivent avoir une coupe franche, de 12 mm à 10 mm en situation de maïs élevé en matière sèche. Une espérance peut venir des précipitations prévues ce samedi, 20 mm seraient bénéfiques pour les maïs ayant conservé 3 à 4 feuilles vertes sous le panicule mâle.Rémy Guého, Chargé de clientèle région Ouest chez KWS
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