Les agricultrices donnent un autre regard sur la crise

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Des femmes, agricultrices ou conjointes d’agriculteurs, ont pris la plume pour témoigner de leur ressenti. Un autre regard sur la crise.

« Au bout de 40 ans de métier que me reste-t-il ? La pression d’une crise permanente, d’une gravité sans précédent, un épuisement moral, une réserve patrimoniale disparue, la vision d’un immense gâchis (…) Combien de temps on va tenir ? ». Cet extrait d’une longue lettre écrite par une agricultrice bretonne fait partie du « recueil de témoignages » compilé par la section régionale des agricultrices de la FRSEA de Bretagne.

Détresse et combativité

Vingt-cinq femmes ont poussé la porte d’expression qui leur était proposée par le syndicat. Une initiative singulière qui permet de livrer un autre regard sur la crise agricole. Celui de femmes qui accordent sans l’ombre d’un doute plus d’importance à la dimension humaine, à la place de la famille, des enfants. « Les écrits que nous avons reçus témoignent pour certains d’une grande détresse, d’une résignation, mais aussi parfois d’une volonté de se battre pour pouvoir vivre dignement de leur métier et lui donner de l’avenir », commente Agnès Kerbrat, éleveur laitier à Milizac (29) et membre de la commission nationale des agricultrices de la FNSEA.

« Nous ne tenons pas le même discours »

Et Marie-Andrée Luherne, agricultrice à Sulniac (56), d’observer : « C’est le modèle familial que l’on tue. L’incompréhension domine quand on voit que les personnes qui nourrissent les gens n’arrivent pas à nourrir leur propre famille. Aujourd’hui, nous gérons notre capacité de résistance car, être agricultrice c’est combiner tout à la fois : les aspects professionnel, patrimonial et familial ».

Le changement par les femmes

Dans ces propos qui se veulent sans fard ni masque, surgit tantôt une note d’optimisme augurant de jours meilleurs. « Le changement arrivera par les femmes », sont convaincues les agricultrices bretonnes impliquées dans ce groupe de travail. Et d’évoquer leurs rencontres avec les élus : « Ils sont surpris car nous ne tenons pas les mêmes discours que nos conjoints ». Comprendre : les femmes parlent avec leur cœur ; les hommes évitent de s’épancher et préfèrent sans doute parler monnaie sonnante et trébuchante pour couvrir la voix de leur malaise intérieur…


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