Il y a quelques années, les professionnels parlaient de dégagement lorsqu’ils évoquaient les ventes à l’étranger, souvent vers la Russie. Aujourd’hui, l’export se professionnalise et devient vital pour la filière. Surtout hors de l’Union européenne.
Les ventes françaises de jambons frais vers l’Italie sont en légère baisse. Les Allemands et les Espagnols y prennent des parts de marché. Vers la Grèce, ce n’est guère mieux : les carcasses fraîches « made in France » sont moins demandées ; le débouché est en net déclin. Les Pays-Bas y maintiennent, par contre, leurs ventes. Pas vraiment un souci pour Thierry Meyer, président du comité export d’Inaporc, intervenant au Space. « C’est presque un bien pour nous. Moins on vend sur les pays de l’Union européenne, mieux la filière se porte, à condition de vendre plus sur les pays tiers et sur le marché interne ».
Agréer les entreprises à l’export
C’est ce qui se passe actuellement et il est difficile de lui donner tort quand on analyse le solde commercial français. Les exportations de viande de porc sont nettement supérieures en volume que les importations. Pourtant, en valeur, le solde est largement déficitaire. On vend des carcasses et des pièces et on importe des produits transformés à forte valeur ajoutée. Parfois d’Italie qui fait figure d’exemple. Le pays importe de plus en plus de volumes de viande mais son solde commercial diminue fortement car il exporte, en retour, des produits élaborés. « Les ventes sur les pays tiers sont plus valorisantes pour la filière car elles permettent d’écouler des produits peu consommés en France (oreilles, os, trachées…) et qui contribuent à l’augmentation du prix payé au producteur ».
La France a progressé de 39 % sur le premier trimestre de 2016, sur ces pays tiers et doublé ses volumes sur la Chine. Inaporc s’active pour qu’un maximum d’outils d’abattage soient agréés à l’export. « L’agrément des entreprises est le problème principal pour exporter sur la Chine. Quand on l’obtient, la progression des ventes peut être rapide car les besoins sont élevés. Sur le Japon, qui importe des produits à forte valeur ajoutée, la problématique est différente. Beaucoup d’outils sont agréés, mais les relations restent compliquées. Il faut du temps pour s’imposer. Les relations avec les importateurs japonnais sont discrètes mais, quand elles sont bonnes, elles sont durables ».
Le Mexique, pays fortement importateur, est dans le collimateur de nombreux pays. Des entreprises espagnoles viennent de se faire agréer (liens politiques). « Les Espagnols ne sont pas meilleurs que nous. Ils ont simplement l’obligation d’exporter car leur consommation interne baisse. Ils gagnent des parts de marché grâce aux prix ». Grâce aux investissements réalisés pour moderniser les lignes d’abattage et de découpe, au faible coût de la main-d’œuvre mais aussi à leur capacité à créer et à exporter, comme les Italiens, des produits à forte valeur ajoutée. Thierry Meyer n’oublie pas l’essentiel : « On ne juge pas la bonne santé d’une filière seulement sur l’export. C’est d’abord le marché intérieur qui prime et qu’il faut viser ». La mention d’origine VPF y contribue fortement.