Vendredi, l’agriculture et l’agroalimentaire bretons avaient rendez-vous avec le commissaire européen Phil Hogan. « Des portes se sont ouvertes ».
Un commissaire européen à l’agriculture en Bretagne : l’événement n’est pas fréquent. Après le Rennais, Thibault de Silguy, en 1996, et la Danoise Mariann Fischer Boel, en 2001, c’est Phil Hogan qui est venu à la rencontre des Bretons, vendredi dernier à Rennes. Une rencontre lancée en marge du Space par Breiz Europe, le bureau de lobbying de l’agriculture et l’agroalimentaire breton.
« Une rencontre fructueuse qui sert à ouvrir des pistes de réflexion », s’est félicité Henri de Thoré, éleveur de porc à Spézet (29) et président de Breiz Europe. Une rencontre qui s’inscrit aussi dans le fil des échéances de la prochaine réforme de la Pac en 2020. « En 2018, tout sera bouclé. Il faut donc anticiper ».
Le marché, le bon outil
Si Phil Hogan s’est plu à faire le parallèle entre les vertes prairies de Bretagne et de son pays natal l’Irlande, il a néanmoins laissé peu d’illusions sur une éventuelle régulation laitière pérenne portée par « une France qui a beaucoup œuvré pour le programme de 150 millions d’euros pour réduire la production ». Mais le commissaire européen ne cache pas sa préférence pour le marché pour régler la surproduction. Et de se vouloir rassurant: « Le secteur laitier est en train de s’améliorer même si cela ne se voit pas encore sur le prix payé aux éleveurs. Nous espérons que les éleveurs modéreront les abattages et que le cheptel européen ne diminuera pas trop ».
« Il faut chercher un équilibre entre offre et demande, tout en veillant à assurer des marges de rentabilité aux agriculteurs », poursuit Phil Hogan, en incitant à « continuer à s’attaquer aux marchés tiers ». L’intégration d’entreprises agroalimentaires bretonnes dans une délégation qui se rendra au Vietnam et en Indonésie le 1er novembre prochain est une illustration concrète visant à soutenir cette vocation exportatrice de l’Ouest.
La convergence crée des distorsions
La convergence des aides Pac figure aussi parmi les dossiers sensibles évoqués lors de cette rencontre. Pour résumer, le nivellement des aides à l’hectare au niveau de l’Europe, dénommé par le terme de convergence, est vu comme un avantage concurrentiel attribué aux agriculteurs des pays de l’Est.
« Avec des niveaux de charges et des normes très différentes, attribuer 300 €/ha à un agriculteur français ou polonais n’a pas la même incidence sur la compétitivité de chacun. De même, en termes d’aménagement du territoire, la répartition des aides entre productions a des impacts divers puisque, par exemple, le lait représente 90 heures de travail par hectare, soit bien plus qu’une céréale. La convergence doit prendre tout cela en considération », résumait Guy Le Bars, président d’Even qui souhaiterait également qu’en matière d’aides vertes, les agriculteurs soient plutôt jugés sur les résultats. Un argument qui a semble-t-il convaincu Phil Hogan, « très sensible à la notion de distorsion de concurrence ».