Audrey Vallée, du Gaec le Perron à Vern-sur-Seiche (35), souhaite redonner les caractères initiaux de la Pie Rouge à ses animaux en rehaussant les taux, sans dégrader la production laitière et la morphologie de la mamelle, critères travaillés depuis de nombreuses années sur le troupeau.
« Élevée dans une ferme laitière, j’avais depuis longtemps la passion du métier, des vaches », décrit Audrey Vallée. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est installée il y a cinq ans sur la ferme familiale, avec ses parents, dès l’obtention de son BTSA Acse suivi d’une licence professionnelle en élevage laitier. Mais dès le démarrage de la réflexion de son projet, elle a mis une condition à son installation : travailler avec des Pie Rouge.
Du lait et des taux
[caption id= »attachment_22019″ align= »aligncenter » width= »800″] En 1re lactation, Impériale, a remporté le prix de Meilleure mamelle à la foire de Rennes (35), en mars 2016.[/caption]
« Cela remonte à quelques années, mais lors d’un achat de vaches, on avait proposé à mes parents des jumelles Pie Rouge », se remémore-t-elle. Une seule est restée dans le troupeau et plusieurs de ses filles ont été gardées. « C’est une race rustique qui a fait ses preuves par rapport à la longévité, qui fait du lait et beaucoup de taux. Elle a toujours un petit plus par rapport aux autres races. Pour moi, c’est la race complète ». À son installation, si 6 individus coloraient donc de rouge le troupeau de Prim’Holstein, le cheptel en compte aujourd’hui 18. Audrey Vallée souhaite maintenant travailler sur ce lot de vaches pour constituer son futur troupeau. « Jusqu’à présent, le travail s’est basé sur la production laitière et la conformation des mamelles. Je souhaite réorienter la sélection du troupeau pour retrouver la véritable identité de la Pie Rouge », explique la jeune éleveuse.
Pour elle, ce sont les taux qui représentent la race. Si dans un premier temps, la semence sexée sur génisse lui a permis de constituer un lot plus conséquent d’animaux, elle scrute avec attention les choix d’accouplement de ses vaches. « Je ne regarde plus que les taux, c’est devenu mon critère de base. Je surveille aussi le poste mamelle. Mais pour le lait, je suis moins exigeante qu’avant, le troupeau se situant déjà à 8 800 kg. » Elle réalise depuis peu du génotypage sur ses génisses rouges pour permettre un meilleur accouplement. Et mieux cibler, les points faibles de ses vaches. L’achat d’embryons est une nouvelle technique mise en place sur l’élevage dont elle attend des retombées rapides sur les taux.
La reproduction des génisses à améliorer
Responsable de l’atelier laitier, Audrey Vallée suit avec assiduité le poste reproduction. Avec 55 % de réussite en 1re IA et 1,59 dose par vache, le troupeau enregistre un écart vêlage-vêlage de 404 jours. Pour maintenir ces résultats, elle note tout sur son calendrier de fertilité. « Le suivi est facile par rapport à la taille du cheptel. Tous les jours, je sais ce qui va se passer, laquelle il faut surveiller. » Avec un parcellaire groupé autour des bâtiments, le pâturage a une place importante dans le rationnement. Cependant la mise à l’herbe des génisses ne facilitait pas les bons résultats aux inséminations. Ces animaux reçoivent donc dorénavant une ration sèche avant l’IA.
[caption id= »attachment_22020″ align= »aligncenter » width= »800″] Jolie, fille de Laron P., est préselectionnée pour concourir au Space. Elle a vêlé en avril à 28 mois. C’est la première génisse sexée d’Audrey Vallée, éleveuse à Vern-sur-Seiche (35).[/caption]
Concourir avant tout pour la promotion de la race
Si elle a remporté le prix de Meilleure mamelle avec sa primipare Impériale à la foire de Rennes (35), en mars dernier, Audrey Vallée est présente sur les concours avant tout pour assurer la promotion de la Pie Rouge. « Les éleveurs détiennent l’avenir de la race. Si on poursuit tous nos efforts pour la faire connaître, on sera plus nombreux demain », espère-t-elle. Les Pie Rouge sont nombreuses dans les troupeaux bretons, mais faute de sensibilisation des éleveurs, elles sont souvent déclarées sous le code 66, celui de la Red Hostein…
« C’est un plaisir de présenter un de ses animaux à un concours et de bien le faire. Cela s’apprend. C’est un duo. On valorise l’animal avec l’éleveur », analyse-t-elle, pour un nouveau métier qu’elle a appris au contact des autres éleveurs. Jolie, fille de Laron P., sa première génisse sexée qui a vêlé en avril à 28 mois, est préselectionnée pour concourir au Space.
« Si ses performances sont correctes avec 6 892 litres de lait produits en 305 jours, elle n’est pas complètement représentative de la race en taux (40,3 en TB et 31,8 en TP). Pour le moment, je peux me défendre sur le point fort de notre troupeau : la mamelle. Mais il faut laisser le temps aux jeunes de faire leur expérience… » Elle espère que les efforts menés pour montrer toutes les valeurs de la Pie Rouge depuis son installation, qu’elle poursuivra ces prochaines années, finiront par payer. Et les concours, pour cette jeune éleveuse, c’est aussi un moment pour se motiver, et oublier les soucis personnels et de l’élevage…