Période de vêlage unique, ration unique : Gildas Larno, à Caden (56), aime la simplicité de conduite. Ce qui n’exclut en rien l’efficacité comme l’illustrent les performances maternelles et bouchères de ses 70 Limousines.
Bientôt 30 ans d’expérience avec la Limousine. Gildas Larno se souvient des premières génisses achetées par ses parents. « Je m’en rappelle très bien. Elles n’étaient pas toutes des plus calmes, or la docilité est pour moi un critère très important. Grâce à la génétique, mais surtout grâce aux méthodes d’élevage. C’est aussi, surtout, l’éleveur qui conditionne le tempérament des animaux ».
[caption id= »attachment_22042″ align= »aligncenter » width= »800″] Gildas Larno conduira trois animaux au Space, dont Championne, fille d’Otan.[/caption]
Uranus a laissé une marque de poids
Depuis ce premier lot d’animaux, la configuration du troupeau a beaucoup changé. D’abord, il s’est agrandi en taille. « J’élève aujourd’hui 70 vaches en système naisseur. Les mâles sont tous vendus en broutards et les femelles sont conservées pour la reproduction ». Et puis, le format des animaux a aussi beaucoup changé. « Des taureaux ont marqué l’élevage. Comme Uranus qui a laissé des produits très lourds en carcasse avec de très bonnes qualités maternelles (vêlage et lait). Ce reproducteur a été vendu au National de Brive après avoir été classé meilleur RRE (reproducteur recommandé) ; il s’agissait de ma première participation à un concours : Uranus avait fait 3e de section ».
Depuis le démarrage avec la race, en 1989, cet élevage n’a eu de cesse de travailler les qualités bouchères. « Je recherche des animaux de type mixte, harmonieux qui présentent de bonnes facilités de naissance et un bon potentiel de croissance avant et après sevrage, jusqu’à la taille adulte ». La « vedette » mâle actuelle répond pleinement à ces critères. « Les premiers veaux d’Eddy, un taureau issu de la station de Lanaud (RJ) et agréé IA monte naturelle (MN), naissent actuellement sur l’élevage. Il s’agit d’un reproducteur mixte avec, comme point fort, de gros bassins », détaille l’éleveur, en précisant que ce taureau est en copropriété avec Stéphane Hérisson, de la Sarthe. « Il l’a utilisé avec succès sur génisses alors que ses index ne le conseillaient pas forcément pour primipares (IFNais 92) ».
Une seule saison de vêlage
D’ici le 31 octobre, quelque 85 veaux seront nés sur l’élevage en 3 mois, dont les ¾ du 15 août au 15 octobre. « Je pratique la saison de vêlage unique. Je trouve cela confortable sur le plan du travail d’autant que les vaches vêlent dehors. Celles qui décalent d’une année sur l’autre sont, sauf exception, destinées à la réforme », explique l’éleveur.
« L’objectif est de rester dans ce créneau de vêlage d’été-automne pour avoir des veaux capables de bien valoriser la pousse de l’herbe au printemps suivant. À la mise à l’herbe, ils ont en moyenne 7 mois d’âge et profitent pleinement de la qualité de l’herbe pour prendre du poids ». Ce choix de conduite permet en parallèle d’avoir la période de tarissement des mères au moment où la pousse de l’herbe estivale devient faible dans ce secteur situé entre la région séchante à très séchante du Sud-Bretagne.
[caption id= »attachment_22044″ align= »aligncenter » width= »800″] Illustration du potentiel viande du troupeau : Epatante, la première vache de réforme à avoir dépassé les 600 kg de carcasse sur l’exploitation (627 kg, E =).[/caption]
D’aucuns verraient cette concentration des vêlages sur une courte période comme un inconvénient pour la surveillance. « La facilité de naissance est un objectif de sélection. Je recherche les vaches qui se débrouillent seules, pour vêler et élever leur veau. Si on ne fait pas attention à ces critères, on finit par accumuler des problèmes au fil des générations ». Néanmoins, Gildas Larno n’est pas un adepte du laisser-faire à 100 % : « Il ne faut pas croire, je vais souvent voir mes vaches. En période de vêlage, je fais une dernière visite tous les soirs vers minuit et une première tournée vers 6-7 heures le matin. Mais j’évite d’intervenir inutilement. Ça se passe mieux ainsi ; pour la vache et pour le veau ».
Régime alimentaire simple
Au niveau alimentation, la simplicité est aussi de mise. « C’est zéro concentré pour les veaux, vaches et génisses », note l’éleveur qui insiste sur la qualité de la ration de base que la Limousine est tout à fait capable de bien valoriser. C’est une fourragère.
Depuis 5 ans, Gildas Larno s’inspire du pâturage tournant dynamique (Techno-grazing néozélandais). « J’ai revu toute la configuration de mes parcelles pour que les animaux y passent 1,5 à 2 jours maximum ». Alors qu’avant, le pâturage tournant se faisait sur des parcelles d’une durée de 4-5 jours. « On gagne en productivité en accélérant le rythme de pâturage », dit-il, en mentionnant que son objectif est aussi d’allonger la saison d’herbe par les deux bouts. « Dès que le sol porte, les animaux sortent au printemps pour ne rentrer, si possible, que le 30 novembre ».
En hiver, les vaches reçoivent du maïs, du foin et de l’enrubannage. « Les analyses montrent que cela constitue une ration équilibrée, notamment compte tenu de la bonne valeur de l’enrubannage qui vaut un concentré quand on récolte au stade optimal ». Dans un box isolé attenant, les veaux reçoivent la ration que leur mère ; elle est par contre renouvelée tous les jours pour en garantir la fraîcheur. « Un veau de 2-3 mois a déjà une bonne consommation. Ce type d’alimentation sans concentré lui permet de développer sa panse tout en assurant une bonne croissance ».
Un grand « faible » pour la Limousine
Soucieux de promouvoir collectivement la race et d’échanger avec les autres éleveurs, il participe régulièrement aux concours : « Cette année, j’ai trois animaux inscrits (sur 16 participants) au concours du Space. » Dont Gédéon, un taureau de 5 ans ; Forever, un taureau RJ, en copropriété avec l’EARL Hérisson ; et Championne, fille d’Otan dont les origines sont communes à Uranus le taureau fétiche vendu à Brive.