SPACE 2016 / Portrait d’éleveurs : « Les concours sont un bonus, pas une priorité »

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Les associés du Gaec d’Armor, à Plestan (22), cherchent d’abord la vache fonctionnelle, capable de vieillir en système logettes – robot. Mais quand une vache à morpho pointe le bout de son nez, ils apprécient aussi passer sous la toise du juge.  

Pour la troisième année consécutive, le Gaec d’Armor à Plestan participe au concours de la race Prim’Holstein au Space. « Nous ne recherchons pas spécialement à produire des animaux à concours dans nos choix de sélection. Mais quand nous faisons naître une belle vache, j’ai plaisir à la sortir sur les rings du comice ou du départemental de Saint-Brieuc… Et là, c’est une véritable satisfaction de retourner à Rennes », confie Serge Hercouët, l’un des quatre associés de l’exploitation. Celui-ci prend les rassemblements d’animaux comme une opportunité de « se comparer » pour jauger son travail au quotidien, de faire le point. « Parfois, se faire remettre en place fait relativiser. Au Space, le niveau est tout de même relevé. On rentre à la maison en se disant qu’il y a encore du boulot… », sourit-il. 

Carte de visite du Gaec d’Armor à Plestan

• 4 associés : Stéphane et Marie-Pierre, Serge et Karine Hercouët. • 105 ha de SAU • 65 Prim’Holstein • 650 000 L de lait produits • 100 truies naisseur-engraisseur

Cette fois-ci, c’est Fofolle (Coldav Isy x Tuchan) qui portera l’étendard du Gaec. Cette vache en 4e lactation est déjà sortie plusieurs fois au comice du canton de Jugon-les-Lacs. Digne héritière d’une souche à mamelle de qualité, « elle présente un très bon pis », elle a été pointée TB 87 en mamelle et TB 86 en format à l’âge de 2 ans et 7 mois. Si l’éleveur, en charge de l’atelier laitier sur l’exploitation, fait « le gros du lavage et de la tonte à la maison », l’animal est ensuite confié à des jeunes motivés qui gravitent dans le petit monde des concours. « Ils représentent l’avenir, ils sont motivés. Puisqu’ils s’occupent et veillent les vaches dans les stalles sur place, c’est normal qu’ils soient récompensés en présentant ensuite sur le ring. C’est un aboutissement, vu leur implication. »    

Serge Hercouët ne se considère pas comme un « mordu de concours ». Il privilégie plutôt des accouplements « plus axés vaches à Isu, un travail au service du schéma de sélection d’Évolution ». En 2015 – 2016, deux génisses de l’élevage (VH Miracle x Iota) classifiées « stratégiques » sont ainsi entrées à la station de Plounévézel (29) et ont été collectées plusieurs fois. « Elles sont issues d’un lot de six embryons que nous avions acheté à Évolution ».   

Des taureaux génomiques fidèles aux catalogues

L’éleveur ne semble pas nostalgique de l’époque des taureaux stars qui marquaient la race pendant des années. « Nous n’utilisons quasiment que des génomiques. Cela permet d’avancer plus rapidement dans le progrès génétique. Pour moi, les animaux que l’on retrouve aujourd’hui sur le terrain sont bien le reflet des notes présentées dans les catalogues. Cette précision est notamment le résultat de la multiplication des marqueurs génétiques disponibles pour construire les index. »   

Membres et implantation des trayons

Globalement, les associés cherchent à produire des « vaches solides, qui vieillissent en faisant du lait et des taux ». Mais, pour autant, Serge Hercouët avoue « ne pas forcément écarter un mâle négatif en taux s’il apporte quelque chose d’intéressant dans un accouplement bien raisonné ». Surtout, la conduite d’élevage qui a évolué il y a 4 ans vers un système robot de traite et logettes tapis paillées est prise en considération. « En logettes, la carrière d’un animal avec de mauvaises pattes a peu de chance de durer. Nous faisons donc toujours attention aux index en rapport avec la qualité des membres. » S’il n’y a pas eu de réforme anticipée liée à l’arrivée de l’automate, « nous faisons attention à l’implantation des trayons pour éviter les trayons arrière qui se croisent en fin de lactation quand les mamelles ne sont plus aussi pleines à l’entrée dans la stalle. »  
En fait, la formule est simple, résume Serge Hercouët : « Les vaches qui vieillissent ont généralement de bons membres, une bonne mamelle et un bon index cellules… » Comme par exemple Cascada, une vache du troupeau qui a remporté le challenge longévité au départemental des Terralies en 2015.

Séduits par la mélangeuse automotrice

Il y a 6 ans, le système d’alimentation du troupeau est passé du libre-service à la distribution à l’aide d’une mélangeuse automotrice. « À l’époque, nous avons construit une auge pour pouvoir entrer dans la Cuma locale de désilage. » Mais il y a un an, le groupe a été dissous. Et les associés ont décidé de racheter la machine d’occasion (1 700 h au compteur) plutôt que d’investir dans un bol et d’y dédier un tracteur. « D’abord, nous sommes satisfaits de la ration mélangée par rapport au maïs plat unique en libre-service auparavant : il y a moins de problèmes métaboliques dans le troupeau, les retournements de caillette par exemple sont désormais extrêmement rares. »

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Avec environ 10 ares de pâturage par vache, la ration est simple, varie peu, mais « fonctionne bien » : trois quarts de maïs ensilage, un quart d’ensilage d’herbe (association de ray-grass italien – trèfle en dérobée derrière les céréales), 1 kg de paille et 1,2 kg de correcteur azoté par vache et par jour. Le reste de la complémentation est apporté au robot. « Ensuite, l’automotrice permet de soigner très rapidement les animaux : en 15 à 20 minutes, la ration des laitières est préparée et distribuée. Tous les ingrédients sont pesés, ce qui permet d’optimiser au plus juste l’alimentation. Et puis en hiver, c’est l’idéal pour nourrir tous les 2 jours les génisses qui sont élevées sur un autre site à 800 m du siège de l’exploitation. »


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