L’inauguration du site de production de poudre de lait de Carhaix s’est tenue mercredi dernier. Pour l’industriel chinois, la production d’aliment pour nourrisson va bénéficier du savoir-faire des producteurs bretons.
« C’est aujourd’hui l’aboutissement d’un projet d’envergure internationale », confie Zhang Liang, P.-D.G. de Synutra, venu couper le ruban tricolore lors de l’inauguration du site flambant neuf de Carhaix (29), et destiné à produire de la poudre de lait infantile, exclusivement pour le marché chinois. L’histoire entre la France et la Chine a commencé en 2008, avec l’importation des premières matières premières françaises, car « le Made in France, c’est une qualité irréprochable ». En 2012, la naissance de Synutra France est actée, et cette même année connaît les premiers coups de pioche pour faire sortir de terre le projet carhaisien. La mise en eau de l’usine, en mars 2013, précède les premiers essais de citerne en octobre 2015. La première boîte de lait conditionnée sur site sortira début 2016.
La crise laitière chinoise comme origine
Frappée par une crise laitière en 2008, la Chine cherche à trouver des partenaires pour importer le lait destiné à nourrir ses nourrissons. « La production est largement insuffisante par rapport à la demande, car les fermes chinoises produisent l’équivalent des volumes français, mais avec une population 20 fois supérieure », chiffre Christian Mazuray, président de Synutra France. La surface agricole réduite a donc conduit le pays à « conclure des partenariats ».
[caption id= »attachment_22681″ align= »aligncenter » width= »800″] Le ruban est coupé par Zhang Liang, P.-D.G. de Synutra.[/caption]
Forte qualité à prix intéressant
En choisissant le site de Carhaix, c’est le savoir-faire breton qui est visé. « Installer une usine de fabrication de lait en poudre dans un bassin laitier, c’est s’assurer un délai très court entre l’arrivée du lait cru sur le site et le départ en container : 1 mois après la collecte, les marchandises sont expédiées vers la Chine depuis le port de Brest. Cette fraîcheur est aussi un gage de qualité ». 1er projet du groupe Synutra réalisé à l’étranger, la réussite du pôle de Carhaix pourrait « permettre à d’autres projets de réussir », laisse entrevoir le responsable, sans citer de projets réellement ficelés.
L’herbe qui pousse en Bretagne est l’argument souvent utilisé pour justifier l’implantation de l’unité de fabrication dans la région. À cela, s’ajoute « un prix raisonnable, par rapport à notre amère expérience : en 2014, 160 000 vaches laitières ont été importées sur le territoire chinois, mais produisant un lait au prix proche du double par rapport aux pays de tradition laitière », explique Song Kungang, responsable d’une association laitière chinoise. Pour Zhang Liang, le prix à payer sera « celui du marché, fourni par Sodiaal. Nous n’avons pas l’ambition d’être en direct avec les producteurs », annonce-t-il.
Ultra Haute Technicité
Le dernier-né du groupe Synutra se veut un fleuron industriel, en termes de qualité. « Aucune usine au monde n’est capable de conditionner 100 000 tonnes de babyfood par jour, avec ce niveau d’hygiène », se félicite Christian Mazuray. Ainsi, aucun corps creux n’est utilisé dans les matériaux et accessoires de l’usine, pour éviter la prolifération des bactéries. « Nous utilisons de l’eau osmosée, qui dispose de caractéristiques idéales pour notre technologie. La manipulation des marchandises par des opérateurs est très limitée, énormément de postes sont automatisés ». Quand le rythme de croisière de l’usine sera atteint, l’usine Synutra de Carhaix emploiera 280 personnes.