Entre atouts et contraintes, Marylise Ménard et Jean-Paul Hamard portent un regard réaliste sur leur métier.
En 2011, Marylise Ménard et Jean-Paul Hamard, installés au Ferré (35), ont fait partie de l’échantillon d’agriculteurs suivis par l’ergonome Josiane Voisin pour l’étude de la Caisse centrale des MSA sur les risques psycho-sociaux (stress, mal être au travail, burn-out…).
Priorité aux enfants
Mardi 20 septembre, à Plérin (22), Marylise Ménard témoignera lors de la journée « Bien vivre son métier d’agricultrice », organisée par Agriculture au féminin 22. Sincère, elle qui se dit parfois « un peu anxieuse et pessimiste » par rapport à son compagnon « plus passionné », avoue « ne pas adorer » son travail et même rêver « d’autre chose un jour ». Pourtant, elle apprécie fortement la souplesse de son activité par rapport à la vie familiale.
Une journée ouverte à tous
« Nos journées de travail sont longues. Mais j’ai la liberté de les organiser en fonction des enfants. » Écoles, activités extrascolaires, compétitions sportives, suivi des devoirs… « Je peux leur consacrer le temps que je juge nécessaire », apprécie l’agricultrice installée depuis 2009. Avant, elle a connu le travail à l’usine ou au bureau, « la précarité des contrats courts », avec des enfants en bas âge. Si elle avoue un certain « isolement », prise dans le quotidien de la ferme, elle relativise en parlant avec des amis hors milieu agricole « qui, eux ne sont pas autonomes et maîtres de leur destin quand ils veulent prendre du temps pour quelque chose de personnel. » D’un autre côté, elle se dit parfois « blessée » parce que les autres ne s’intéressent pas « aux conditions de vie sur une ferme. »
Motivantes rencontres de groupe
Jean-Paul Hamard, lui, est un peu à l’opposé. Optimiste de nature, il « aime beaucoup » les vaches, cogite sans arrêt à la gestion de l’entreprise, calcule, se projette. Son groupe Ceta (Centre d’études techniques agricoles) où il retrouve une quinzaine d’agriculteurs -est une véritable source d’épanouissement. « Humainement, cela permet de s’ouvrir aux autres. De confronter nos certitudes et de partager des astuces. J’ai progressé sur les aspects technico-économiques grâce au Ceta. » Si les caractères sont différents, y compris avec leur associé Louis-Pierre Ménard arrivé en 2014, le trio s’accorde parfaitement sur la gestion de l’entreprise. « Nous sommes tous économes, prudents vis-à-vis des investissements. » Une réunion de Gaec est ainsi organisée tous les 15 jours pour prendre les décisions importantes.
Le week-end, pause dans les gestes répétitifs
« S’associer a permis de bénéficier d’un week-end sur deux », apprécie Marylise Ménard. Même si on ne sait pas toujours valoriser ce temps libre, « cette coupure de l’astreinte permet de souffler physiquement en faisant une pause dans les gestes répétitifs du quotidien. » Pour finir, les éleveurs pointent la question du revenu. « On vivrait mieux notre métier s’il était rémunérateur. Faire toujours attention, y compris au niveau privé, peut peser. » D’ailleurs, quand le lait est mieux payé, « l’hiver est moins long et je n’ai pas mal au bras. C’est mental », termine Jean-Paul Hamard.
Le soir, le boulot est oublié
« Aujourd’hui, on laisse d’autant plus facilement le travail hors de la maison : grâce au téléphone portable, tous les coups de fil professionnels sont déjà passés quand on rentre. » Marylise Ménard a aussi ses règles. « Je ne regarde jamais les papiers, les factures, le soir. Ma hantise est de cogiter toute la nuit. Je m’en occupe de bonne heure le matin. » Depuis l’intégration d’un associé en 2014, le bureau est également installé à l’extérieur de la maison « pour bien séparer les univers professionnel et privé ».
léon
c’est aussi un métier à risques : Les accidents liés aux engins et machines agricoles sont le premier risque professionnel en fréquence et gravité auquel sont exposés les agriculteurs, avec plus d’une cinquantaine de décès annuellement : http://www.officiel-prevention.com/formation/conduite-d_engins/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=95&dossid=508