Le mot campagne figurera probablement au rang des mots les plus cités ces prochains mois. Pas au sens qui désigne le territoire des campagnards. Non. Dans quelques semaines, nombre de candidats vont partir « en campagne », expression héritée du langage militaire quand les mercenaires germaniques ou les soldats romains se mettaient sur le pied de guerre dans le campus, devenu le champ de bataille. Et il est vrai que faire campagne électorale, c’est un peu aller au combat. Bientôt, les candidats s’y lanceront en rang serré avant de terminer seul, en champion ; un mot qui désigne littéralement celui qui a livré bataille et a gagné au milieu du champ.
La campagne n’est pas qu’un terrain d’échauffement pour candidats en campagne.
L’excitation des prétendants à la présidence de la République ne saurait cependant occulter le fait que si partir en campagne est une expression guerrière, aller à la campagne suggère un havre de paix pour se ressourcer. Parfois même se soigner des maux de la ville où les candidats y consacrent l’essentiel de leur campagne. N’y envoie-t-on pas également ces jeunes, que l’on ne sait plus comment remettre dans le droit chemin, se refaire une santé mentale dans un cadre champêtre. On y expédie aussi des prisonniers pour travailler dans les fermes pour préparer leur retour à la vie normale.
La campagne, remède et vertu face à une société malade. La campagne, terre nourricière d’un pays, mérite mieux que d’être un simple terrain d’échauffement où les candidats viennent prendre des forces en dévorant un bon pâté… de campagne. La ruralité ne peut se satisfaire de ces images bucoliques. Les territoires ruraux doivent être pleinement intégrés aux programmes des candidats à la présidentielle, en considérant ses habitants autrement que de bons petits campagnards. Il y va de l’équilibre sociologique et économique de la France.
