Consommer les moindres repousses d’herbe cet automne

herbe-civam-intermediaire - Illustration Consommer les moindres repousses d’herbe cet automne
À Remungol, zone intermédiaire, il a plu 10 mm début octobre, permettant une petite repousse, mangée en 8 jours. Mais l’herbe a bien grillé fin septembre et a du mal à repartir, surtout sur les parcelles les plus séchantes. La repousse est irrégulière.

Cet été, les génisses et des bœufs ont pâturé derrière les laitières. Cela a évité les refus, mais « nous sortions sans doute trop bas des paddocks, à 4-5 cm. C’était possible car nous avons plutôt des terres profondes et lourdes, mais cette pratique freine la repousse ensuite ». Mickaël Lucia et Ida Rousselin ont un chargement élevé pour faire le plus de lait possible du printemps à l’automne, avant qu’une moitié du troupeau ne soit tarie l’hiver. Au printemps, le pâturage est ainsi maximisé et un tiers de la référence est réalisé à moindre coût. « Mais avec l’été et le début d’automne sec, garder ce chargement important n’était peut-être pas le choix le plus opportun. »

Économiser stocks et concentrés

Pourtant, les deux lots en double et en monotraite pâturent toujours à raison d’un jour par paddock de 1,4 ha. Le facteur limitant à la poursuite du pâturage tard en saison est souvent la portance des sols. Pour l’instant, ce n’est pas un problème. Et si les pluies reviennent, l’éleveur pourra faire pâturer les repousses tant que les sols porteront. « À l’automne, je ne gère pas comme au printemps : à cette période, je cherche à pâturer toute l’herbe disponible pour économiser stocks et concentrés. »

Selon l’herbe présente dans le paddock pâturé, la quantité de maïs et de tourteau de soja est ajustée et les éleveurs surveillent les bouses pour vérifier l’équilibre de la ration. Les 32 vaches en double traite, dont des fraîches vêlées, reçoivent 13 kg MS de maïs, 2,5 kg de tourteau et 2 à 3 kg MS d’herbe pâturée. Elles font 28 L/VL en moyenne. Les 46 VL en monotraite, surtout en fin de lactation, ont 7 kg MS d’herbe pâturée, 7 kg MS de maïs et 1 kg de tourteau distribué le matin. Elles produisent en moyenne 13 L/VL. Les taux sont de 34,5 et 46,8. Avec beaucoup de vaches en fin de lactation, les besoins sont moindres. Avec une moyenne d’étable à 6 000 L/VL, Mickaël Lucia peut « les faire gratter ». « Mais je ne veux pas trop pénaliser les doubles traites pour ne pas affecter la fertilité. »

Une ration hivernale plus coûteuse

En année moyenne, son objectif est de 3 t MS/UGB d’herbe pâturée et 2,5 t MS/UGB de stocks. En 2016, la consommation de stocks sera plus importante. 21 ha de maïs ont été ensilés avec un rendement moyen à 12 t MS/ha, mais avec des résultats très hétérogènes : avec la sécheresse, les différences de profondeur de sol entre parcelles impactent plus le rendement. Par contre, tous les enrubannages de 2015 et la moitié des enrubannages 2016 ont été consommés. Cet hiver, la ration contiendra sans doute du foin et plus de maïs que l’an dernier. Elle sera un peu plus coûteuse mais avec plus de taries que l’an dernier, les conséquences devraient être limitées.

Malgré la fin de saison peu propice au pâturage, les éleveurs restent confiants dans le système herbager. La semaine dernière, 17 ha de pâtures ont été semés. Sur 8 ha proches du bâtiment, destinés au pâturage, Mickaël Lucia a implanté un mélange RGA-TB. Et sur 9 ha un peu plus loin, qui seront pâturés et fauchés, il a choisi un mélange RGA-TB-fétuque des prés.
Contact CIVAM AD 56 : 07 85 26 03 02

Profiter de l’herbe d’automne

L’herbe pousse tant que les températures restent positives. À l’automne, elle a une valeur alimentaire proche de celle de printemps. La pâturer permet d’économiser stocks et correcteur azoté. L’objectif est de raser (sortie à 5 cm) pour valoriser au mieux l’herbe présente et de nettoyer les parcelles avant l’hiver. L’idéal serait de rentrer à 20 cm (feuille tendue de RGA). Mais cette année, la repousse d’automne n’est pas au rendez-vous. Alors si fin octobre il y a de l’herbe dans les parcelles, même avec une pousse inférieure à 20 cm, il faut pâturer. Sinon, on prend le risque de ne pas pouvoir rentrer plus tard dans la parcelle s’il pleut et l’herbe présente sera perdue. Pour valoriser toute l’herbe disponible, pensez à réduire la complémentation à l’auge. Et privilégiez les repas du soir : les vaches auront faim en allant au champ dans la journée et pâtureront mieux.

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Chez Ludovic Rolland, à Ploubezre (22), en zone humide

« Pour nous, c’est une bonne année fourragère grâce à des pluies régulières. On a 20 jours d’avance de pousse sur les parcelles des vaches laitières. Les vaches sont à mi-parcours du 5e tour d’herbe sur 18 ha. Si la météo le permet, elles pourront aller sur des parcelles humides complémentaires. Pour la première année, on teste l’affouragement en vert à la place d’une 4e coupe d’enrubannage sur 8 ha. La ration se compose de 3 kg de MS d’herbe fraîche distribuée, 3 kg de MS de maïs et le reste en pâturage. Les vaches produisent 14 kg/VL (TB : 41, TP : 32). Les génisses sont au pâturage, avec du foin en complément pour les petites et les pleines. » Contact : Cedapa (02 96 74 75 50)

Chez Samuel Duguépéroux, à Gahard (35), en zone humide

« Une petite moitié du troupeau est au foin et pâturage. Il y a des repousses à pâturer pour ces lots, mais on attend qu’il y ait 2 tonnes de MS/ha pour les mettre. La bonne repousse que l’on pensait avoir après les pluies de septembre n’a pas eu lieu. L’autre moitié du troupeau pâture les regains destinés à l’origine à l’enrubannage. Les stocks sont faits, on préfère faire pâturer plutôt que d’enrubanner et d’affourager en même temps. C’est un peu d’investissement en clôture mobile, du temps à passer, mais cela reste moins cher que l’enrubannage. Mais cette pratique exige un lot docile et habitué à une clôture légère. » Contact : Adage 35 (02 99 77 09 56)

Chez Alain Guillou, à Guimiliau (29), en zone humide

« La production laitière se maintient avec 10 litres/ vache (TB : 53 et TP : 39). Les vaches laitières sont toujours à l’herbe. Le pâturage est complété de 3 kg de foin. Elles sont sur des repousses de six semaines, avec 7 à 8 cm – mesures à l’herbomètre – de hauteur d’entrée dans le paddock. Du fumier et du lisier ont été épandus pendant la 1re quinzaine d’octobre sur 20 ha, ce qui va demander un certain délai avant que les vaches ne reviennent, surtout si la pluie est absente. Je compte distribuer de l’enrubanné cette semaine pour compenser la faible pousse. » Contact : Civam 29 (02 98 81 43 94)


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