Inventer le blé de demain

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C’est une affaire de 3 ans, peut-être 4. Le génome du blé est en passe d’être séquencé. Le rendement, qui stagne depuis 1995, pourrait alors exploser.

Dans la chambre froide du Centre de ressources génétiques de l’Inra de Clermont-Ferrand (63), des milliers de grains de blé tendre, orge, épeautre, seigle, avoine sont maintenus à 4°C. 26 000 variétés de céréales, anciennes, actuelles, françaises ou étrangères,  y sont précieusement conservées et renouvelées pour assurer leur faculté germinative. L’Inra les met gratuitement à disposition de tous : chercheurs, sélectionneurs privés, mais aussi paysans qui veulent essayer de nouvelles variétés.

300 000 km de racines par hectare

Ce réservoir génétique constitue la base des variétés de demain. De futures variétés qui, en raison des changements climatiques et d’une recherche de meilleure efficience de l’azote et du phosphore, devront entre autres avoir un système racinaire puissant et développé. Car, expliquent des chercheurs, la sélection des variétés actuelles a privilégié des tiges courtes (pour limiter la verse) ce qui a eu un impact sur le système racinaire qui est proportionnel au développement des parties aériennes.

Il faut en effet retenir que les systèmes aérien et souterrain d’une plante arborent globalement un volume identique. Moins il y a de tiges et de feuilles en surface, moins les racines vont fouiller en profondeur pour remonter les éléments nutritifs. Or, dans des conditions naturelles non limitantes, les racines d’un blé sont capables de plonger jusqu’à 1,50 m de profondeur en s’enfonçant de 0,5 à 3 cm par jour ; un hectare peut ainsi cacher un réseau racinaire de plus de 300 000 km. Colossal.

Des variétés plus robustes

Cette collection de variétés anciennes de l’Inra constitue aussi un réservoir pour Breedwheat (« Sélectionnons le blé en français), programme international lancé en 2011 et qui se prolonge jusqu’en 2020. Ce projet agricole combine de nouvelles technologies de génotypage et de phénotypage à haut débit pour identifier les facteurs génétiques impliqués dans les caractères d’intérêt agronomique, tels que le rendement, la qualité et la tolérance aux stress (insectes nuisibles, maladies, sécheresse, etc.).

Ce projet va permettre d’améliorer la durabilité de cette culture en développant de nouvelles variétés plus robustes, moins exigeantes en eau et en engrais, pour une agriculture plus respectueuse de l’environnement et adaptée au changement climatique. Il faut en effet savoir que les rendements français en blé stagnent à 75 q/ha depuis 1995. Un plafonnement qui concerne tous les pays développés, à des niveaux souvent inférieurs aux récoltes françaises : 40 quintaux aux États-Unis, 25 en Australie et 20 en Chine.

Doublement des rendements

Pour expliquer cette stagnation des rendements, trois causes sont possibles expliquent les chercheurs : « La modification génétique due à l’utilisation excessive des engrais et des produits de traitement, le recours à l’azote et le réchauffement climatique ». L’objectif avec les variétés du futur, sélectionnées par les biotechnologies, mais en aucun cas par OGM, est de parvenir rapidement à 100 q/ha. Les Anglais se montrent encore plus ambitieux puisque leur projet « 20 wheat » prévoit de doubler le rendement en blé en 20 ans. Soit quelque 160 q/ha…


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