Montée en pression dans le monde de la bière. Fin septembre, le groupe brassicole belge AB InBev, leader planétaire du marché du pétillant breuvage, a obtenu l’autorisation d’acquérir son principal concurrent et numéro 2 mondial, l’Anglais SabMiller. Une des 5 plus grandes fusions capitalistiques pour une boisson vieille de 8 000 ans ! Illustration que les nouvelles technologies n’ont pas l’exclusivité de faire sauter le bouchon des records.
Jusqu’ici, la mythologie nous enseignait que cette boisson magique avait la faculté de faire croire aux hommes qu’ils sont des dieux ; la réalité des chiffres montre qu’à défaut de devenir un dieu, les brasseurs peuvent au moins passer du statut de géant à celui super-géant. Au prix d’une tournée à 103 milliards de dollars, le nouvel acteur s’assure désormais le titre de Gambrinus, patron des buveurs de pinte, en avalant 27 % du marché mondial de la bière.
Cette évolution est une bonne nouvelle pour le monde agricole
Le plus insolite dans cette saga, c’est que les multinationales sont conduites à se battre à coups de milliards pour lutter contre des artisans. Aux États-Unis, les bières locales représentent désormais 10 % du marché et ne cessent de progresser. Avec sa quarantaine de brasseries disséminées sur tout le territoire, la Bretagne s’inscrit pleinement dans ce mouvement ; avec çà et là des opportunités offertes aux agriculteurs pour valoriser leurs orges brassicoles.
Ce qui se passe dans la bière montre que la concentration galopante des entreprises ne signe pas la fin inéluctable des petites entreprises promptes à la créativité et à la réactivité. Il ne suffit pas toujours de brasser des milliards pour s’imposer dans une économie mature en quête d’autres valeurs. Cette évolution de la demande sociétale est, à bien y penser, une bonne nouvelle pour le monde agricole et rural.