L’agriculteur sait aussi être un tuteur

Daniel Hanocq, conseiller agronome à la Chambre d’agriculture, a commenté le profil de la parcelle d’essai. « Les racines vont chercher à boire en profondeur. Ici, le sol le permet ». - Illustration L’agriculteur sait aussi être un tuteur
Daniel Hanocq, conseiller agronome à la Chambre d’agriculture, a commenté le profil de la parcelle d’essai. « Les racines vont chercher à boire en profondeur. Ici, le sol le permet ».
Le groupe Agri’tuteur avance grâce à l’échange et à l’expérience acquise par des producteurs pendant des années. L’objectif : mieux connaître son sol et les techniques de semis directs ou simplifiés.

« L’exploitation agricole compte deux sites : un premier avec de l’herbe accessible pour les laitières, un autre implanté avec des cultures de vente. Au fil du temps, j’ai remarqué des signaux faibles, comme des résistances de certaines adventices, des baisses de rendement ». Ce témoignage de Pascal Chaussec, agriculteur sur Édern, illustre une prise de conscience des producteurs. L’activité biologique du sol, freinée par le travail du sol, les rotations trop courtes ou des mauvais choix d’espèces de couverts végétaux, n’exprime pas tout son potentiel. Pour aider ces éleveurs dans une démarche constructive et se basant sur les expériences passées des « tuteurs », le GIEE « Apprendre à piloter l’activité biologique du sol et les cultures de manière économe » est soutenu par la Région et l’État.

Il est passé du labour au semis direct

Alexis Clech fait partie de ces Agri-tuteur. « Je suis passé rapidement du labour au semis direct », confie-t-il. Pour autant, pas de recette miracle à enseigner aux autres producteurs, chaque cas étant particulier. « Il faut aussi maîtriser les charges de mécanisation. Il est difficile pour un agriculteur de supporter des investissements lourds de matériel. Notre rôle est de donner les grands principes, à chacun ensuite de tester sur ses parcelles. Il faut trouver le meilleur compromis entre économie et écologie ».

Une autre idée de la productivité

Le plus difficile reste encore de se lancer. Certaines cultures, comme le maïs, se doivent d’être sécurisées car elles représentent le stock de fourrage de l’élevage. « La prise de risque est toujours difficile à prendre. On a tous besoin de voir pour être convaincu. Bien souvent, on parle de productivité améliorée avec du matériel plus large, or c’est une fausse idée. L’avenir des paysans passera par la productivité des sols », estime Pascal Chaussec.

De la pratique au concret : pour se faire une bonne idée de l’incidence du travail du sol sur ses parcelles, Pascal Chaussec a semé son maïs en utilisant différentes techniques : soit en labour, soit en Strip-Till, ou soit en direct. Une expérimentation permise par les tuteurs, à savoir Erwan Caradec pour le Strip-Till, et Alexis Clech pour le semis direct. Sans tirer de conclusions hâtives, la récolte s’annonce bonne. « Reste un point négatif à résoudre, car après récolte de l’ensilage, je sèmerais une céréale. Pour moi, la parcelle restera quasiment nue pendant la période hivernale, et je risque de perdre les bénéfices accumulés avec la prairie de 5 ans ».

Alexis Clech lui répond que « du trèfle est réparti régulièrement dans la parcelle. Une solution passerait par un semis direct dans ce couvert de trèfle, sans que cela ne coûte 1 centime ». Un sacré bond en avant permis par le tutorat entre agriculteurs.


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