Philippe Dessertine était l’invité de Cerfrance Côtes d’Armor lors d’une conférence qui s’est tenue mardi 27 septembre à Saint-Brieuc (22). Il a insisté sur l’investissement dans une agriculture plus moderne.
[caption id= »attachment_22912″ align= »aligncenter » width= »456″] Philippe Dessertine lors de la Conférence Débat organisée par Cerfrance Côtes d’Armor, mardi 27 septembre.[/caption]
Philippe Dessertine est économiste et professeur à la Sorbonne. Vous le connaissez sans doute, ce n’est pas un inconnu des médias. Il y apporte, en effet, son regard éclairé sur l’économie et la finance. Cet économiste s’intéresse depuis longtemps à l’agriculture. Il a d’ailleurs créé une chaire pour y trouver des financements et mieux y investir.
Une agriculture en difficulté
Lors de sa conférence, Philippe Dessertine a débuté en expliquant que notre économie était mise à mal. Qu’en est-il de la crise agricole ? « Quand l’agriculture va mal, c’est qu’un pays va mal. Je porte un regard grave sur cette crise. Il s’agit d’une économie qui n’est pas délocalisable. La situation et le contexte actuel sont très tendus ». Pour le conférencier, la crise s’explique par plusieurs facteurs ; il évoque, tout à la fois, rigidité du Code du travail, problème des intermédiaires dû à une véritable rupture entre production et distribution et un excès de réglementation bien français : « Nous avons près de 10 fois plus de textes réglementaires que les autres », explique-t-il. Un excès de normes dû aussi au principe de précaution sur-estimé chez nous qui « tue notre agriculture et nos entreprises ». Notre système agricole est donc clairement déficitaire et les politiques publiques mises en place ne la sauveront pas.
Mieux anticiper
Alors quelles solutions ? « Il faut arrêter de subir et agir. Il vaut mieux réfléchir à la manière d’être plus performant, faire moins de débats et anticiper. Le problème de l’agriculture en France est qu’elle n’a pas de projet alors qu’elle a un potentiel énorme ; l’agriculture, c’est le cœur de l’économie française. Le plus gros danger, c’est le déni et nous sommes en plein dedans. Le pays doit investir dans une agriculture plus moderne. Il faut des investissements massifs qui doivent s’accompagner d’une vraie restructuration de la filière », explique-t-il.
9 milliards d’humains en 2050
Ainsi, que ce soit lors de la conférence ou lorsqu’il parle d’agriculture, Philippe Dessertine fait passer le même message « n’ayons pas peur de demain » et il insiste sur la nécessité de s’adapter à ce nouveau monde et à ces nouveaux modèles économiques. Il va falloir être ambitieux et prendre des risques. Concernant les subventions dont les agriculteurs ont besoin pour survivre, il est temps pour lui d’arrêter de compter sur les capitaux publics. « On ne soutient pas une filière avec des subventions. La Pac représentait 75 % du budget de l’Europe dans les années 50, aujourd’hui elle ne représente plus que 38 % ». L’agriculture comme l’industrie vont devoir s’adapter. Il faudra nourrir 9 milliards de personnes en 2050. Et c’est maintenant que les filières agricoles doivent s’y préparer.