La construction de l’Europe est un pur produit de l’imagination. Le pari de grands Hommes, philosophes et visionnaires. Certainement un peu fous aussi quand, en 1950, ils veulent offrir autre chose que des larmes et du sang aux citoyens européens. La foi a soulevé des montagnes ; le rêve européen repoussera les frontières, pensent-ils. Pas aussi loin que l’avait toutefois imaginé le général de Gaulle qui étirait sa vision de l’Europe de Brest à Brest, de la cité du Ponant à l’Oural.
Les bases de cette belle réalisation politique étant lancées et partagées par les anciens ennemis séculaires, les citoyens européens pouvaient rêver à leur tour que l’aboutissement du chantier serait rapide et enchanteur. Il le fut dans les premiers temps avec la politique agricole commune, la plus concrète des réalisations européennes. Sans doute parce que les instigateurs n’ont jamais perdu de vue l’objectif premier : nourrir la population à prix abordable.
Depuis, la construction européenne semble s’être perdue dans la complexité et la perplexité. Faute de cap clair fixé par les politiques, les bureaucrates ont commandé aux destinées de la princesse phénicienne. Oubliant que l’Europe devait rester « le bureau des légendes » pour se projeter vers l’avenir, comme l’image Markus Gabriel, philosophe allemand. Et ainsi répandre les valeurs universelles de paix et d’ouverture voulues par les peuples, plutôt que d’attiser le repli sur soi qui prévaut trop souvent aujourd’hui. Mais la confiance ne peut pas se conquérir par un déni de démocratie. En voulant outrepasser le vote des citoyens de Wallonie opposés au libre-échange, la machine bruxelloise fait un raté supplémentaire en confondant intérêts économiques du libre-échange et échanges libres entre citoyens européens.