En piquant les plantules pour se nourrir, les pucerons peuvent transmettre la jaunisse nanisante de l’orge (JNO). Cette maladie peut entraîner des pertes de rendement importantes comme lors de la campagne précédente.
Les cultures sont fortement sensibles au virus de la JNO dès les premiers stades. L’orge est l’espèce la plus sensible. Un semis précoce tend à exposer davantage les cultures à une présence accrue de pucerons. Retarder les semis peut permettre d’éviter une concomitance entre les vols d’insectes et la période de forte sensibilité des cultures (premiers stades). De plus le risque peut subsister si les conditions climatiques de l’automne restent longtemps favorables aux insectes. Des observations sur les cultures sont donc nécessaires durant tout l’automne, voire en début d’hiver (avant les premiers froids).
La lutte insecticide est efficace
Deux techniques de lutte insecticide permettent de protéger les plantes : le traitement des semences et la lutte en végétation.
Pour le traitement insecticide des semences, une seule substance active est disponible : l’imidaclopride (Gaucho 350, Gaucho Duo FS, Nuprid 600 FS, Matrero). Cet insecticide systémique est véhiculé par la sève, le puceron s’intoxique et meurt en piquant le végétal. Le traitement présente une bonne efficacité, il est notamment justifié sur les semis précoces et sur orge.
Dans les 5 essais conduits par Arvalis en 2015 et 2016, le traitement insecticide des semences a permis un gain de rendement proche de 48 q/ha, supérieur à celui acquis avec l’application d’un seul traitement insecticide en végétation. La protection à base d’imidaclopride peut s’étendre jusqu’au stade 5 feuilles environ vis-à-vis des pucerons plus rarement au-delà. Elle n’est donc pas totale face à des infestations tardives. Dans le cas de semis précoce, une surveillance des colonisations tardives est nécessaire pour décider d’une éventuelle application d’un traitement insecticide relais en végétation. La surveillance est notamment importante lors des automnes doux et ensoleillés qui favorisent l’activité des ravageurs et la croissance rapide des céréales.
D’autre part, les insecticides en végétation agissent par contact. L’application doit être positionnée en fonction de la présence de pucerons et non du stade de la culture. Le traitement insecticide est conseillé quand 10 % de plantes portent au moins un puceron, ou quand leur présence se prolonge plus de 10 jours sur la culture. Un traitement trop précoce à la levée est une assurance illusoire : l’insecticide appliqué en végétation ne protège pas les nouvelles feuilles formées après le traitement.
Si les conditions de l’automne sont favorables à la présence prolongée de pucerons sur les cultures (absence de jours froids), il est nécessaire de poursuivre la surveillance, même après une première application compte tenu de la persistance d’action limitée des produits (environ 15 jours) et de l’évolution des plantes (nouvelles feuilles non protégées), pour décider d’une nouvelle application du traitement insecticide. Éric Masson / Arvalis – Institut du végétal