« Les regroupements de troupeaux engendrent des dégâts », note Caroline Lantuejoul. « C’est pourquoi une fusion doit s’anticiper ».
[caption id= »attachment_22887″ align= »alignright » width= »251″] Caroline Lantuejoul, vétérinaire au GDS 44[/caption]
La taille des troupeaux n’a cessé de croître. « En Loire-Atlantique par exemple, les cheptels de nos adhérents sont passés de 134 à 146 laitières en moyenne entre 2011 et 2015 », illustre Caroline Lantuejoul, vétérinaire au GDS 44, à Derval pour les Journées Innov’Action. Ces chiffres cachent bon nombre de restructurations d’exploitations. « Et donc de regroupements de troupeaux », précise la spécialiste qui rappelle que « mélange d’animaux est synonyme de risque sanitaire à maîtriser ».
« La réalisation de beaucoup de ces projets est source de soucis. Dès la fusion, mammites, diarrhées, boiterie… Et plus tard, parfois aussi BVD, paratuberculose, avortements qui avancent à bas bruit. » Une thèse récente (Armand, 2011) rapporte ainsi qu’environ 35 % de troupeaux nouvellement regroupés sont atteints, avant un mois, de mammites subcliniques et de diarrhées des veaux et plus de 20 % de boiteries. Pire, ces maladies et troubles peuvent perdurer dans le temps. « Un an après le mélange des animaux, on constate encore une prévalence de près de 15 % de mammites subcliniques, près de 20 % de diarrhées des veaux, plus de 20 % de boiteries, 12 % de troubles respiratoires ou encore 8 % de mammites cliniques. »
Microbismes différents
Pour Caroline Lantuejoul, un regroupement doit s’anticiper, « se réfléchir au moins 6 mois à l’avance ». Les éleveurs doivent être sensibilisés au risque de « mélanger des microbismes, de confronter des statuts immunitaires différents ». Il est conseillé de mettre en œuvre un audit avec un vétérinaire et un technicien bâtiment. « Avant, il faut envisager des dépistages. L’interprétation du risque s’appuiera sur ces analyses. Si les indicateurs des deux cheptels sont très différents, par exemple si l’un est contaminé par la BVD et l’autre non, il faudra prendre des mesures. Peut-être assainir en triant des animaux et parfois un délai d’un an est nécessaire. Peut-être vacciner pour préparer le terrain. »
D’autres facteurs de risque doivent être identifiés comme l’approche bâtiment. « Si on augmente la taille des lots, ne va-t-on pas aboutir à une surpopulation de l’aire paillée ? Peut-être à une situation où la stabulation n’est plus jamais vide. Plus concrètement, penser une fusion de cheptels, c’est aussi prévoir un nombre de cases individuelles adaptées au nombre de vêlages et à la saison. C’est maintenir la possibilité d’un vide sanitaire en créant des « salles » ou en prévoyant une période sans vêlage. Avec davantage de veaux, pourra-t-on encore séparer les animaux présentant un écart d’âge ? On voit sur le terrain des nurseries plombées par les diarrhées néonatales alors que rien n’a changé dans la conduite d’élevage. Simplement, le nombre de naissances a doublé… »
Priorité au confort
Plus globalement, pour que les choses se passent bien, il faut aussi veiller au confort des animaux, insiste la vétérinaire. « Éviter les conflits entre animaux alors que les bovins ont un fonctionnement social très hiérarchique. Au-dessus de 70 vaches, une primipare a du mal à se situer. Penser circulation dans le bâtiment, nombre suffisant de places de couchage et à l’auge, anticiper la ventilation estivale si le nombre de têtes augmente sous le même toit…
Dans tous les cas, « mettre tout le monde au vert » est toujours la meilleure option pour limiter les dégâts : « Le stress des animaux est limité et l’environnement microbien plus favorable. »