Lors de l’assemblée générale de la CR 22, le président Pierre Lec’hvien a fait un rapide état des lieux de la crise que traverse l’élevage en France. Il a ensuite laissé la parole à François Collart Dutilleul, juriste, qui a exposé son idée d’une exception agriculturelle.
« 2015 et 2016 sont des années pleines de déceptions et d’amertume pour l’élevage français. Je pense en particulier à la crise du porc, même si c’est mieux ces dernières semaines. Les éleveurs laitiers vivent une crise sans précédent causée par une production mondiale record. Les aviculteurs ne sont pas épargnés avec des difficultés à l’export liés à l’épisode d’influenza aviaire. En ce moment, les dindes sont stockées sur pattes dans les élevages ce qui pénalise gravement les résultats techniques et le revenu des aviculteurs », résume rapidement Pierre Lec’hvien, président de la Coordination Rurale des Côtes d’Armor lors de l’assemblée générale (AG) du syndicat à Saint-Brieuc le 11 octobre.
Le président souhaite passer la main
Une assemblée générale un peu particulière pour le responsable qui informe les adhérents de son souhait de passer la main de la présidence du syndicat après 10 ans de bons et loyaux services. « Je souhaite donner l’exemple et je ne veux pas m’attacher à mon siège. Il faut du sang neuf, des idées nouvelles et surtout renouveler les générations », déclare Pierre Lec’hvien. Il se veut rassurant pour son successeur et assure qu’il l’aidera dans sa nouvelle mission. Christian Colas, le trésorier du syndicat était pressenti pour prendre la présidence. Il n’a pas souhaité donner sa réponse au cours de la réunion pour prendre certainement le temps de la réflexion. Globalement, dans un contexte économique difficile, les candidats à la prise de responsabilités se font rares. De peur d’être trop exposés ? Ou de se sentir impuissants ou inutiles ?
L’exception agriculturelle
François Collart-Dutilleul, juriste et professeur à la faculté de droit de Nantes, est intervenu sur le thème : « Pour une exception agricole sur le modèle de l’exception culturelle. » Il a expliqué que la Pac est de moins en moins présente pour faire tampon sur les prix lorsque les produits agricoles rentrent dans une logique de marché mondialisé. « C’est là que l’exception agricole prend tout son sens. Il faut que les prix se gèrent dans un premier temps à l’échelle humaine, c’est-à-dire sur une région, un département, une commune et non à l’échelle internationale. Mais rien n’empêche pour autant aux éleveurs qui le souhaitent d’aller sur les marchés internationaux, ce n’est pas incompatible. »
Pour le juriste, la 1re étape est de repenser le territoire afin de valoriser les produits agricoles au plus près de la production. Il pense notamment à la restauration collective qui représente un potentiel de 4 à 5 milliards de repas par an en France et qui se fournit avec beaucoup de produits agricoles d’importation. « Nous repérons en France des initiatives politiques innovantes qui favorisent les approvisionnements en produits locaux dans la restauration collective et qui pourraient être développées à plus grande échelle », conclut François Collart-Dutilleul.