Le capitalisme concurrentiel mondial a imposé son standard de réussite : celui de l’argent et d’une nouvelle mondanité. Un très bon revenu, une maison dans un quartier branché, des vacances tendance. Voilà le cliché d’une certaine forme d’hédonisme matériel renvoyé aux jeunes par le miroir de ladite réussite. Sauf qu’il y a beaucoup de candidats, peu d’élus et de nombreuses victimes.
Dépités par cette inaccessibilité d’un rêve que la société leur sert et ressert au quotidien, nombre de jeunes baissent les bras. Un peu comme, quand ils étaient encore enfants et qu’ils abandonnaient l’idée d’attraper le pompon qui s’élevait de plus en plus haut à chaque tour de manège.
Quand le fossé devient trop grand entre le rêve et la réalité, l’individu exclu est vite tenté par les voix caverneuses d’outre-tombe qu’il perçoit alors comme de séduisants chants de sirènes. Comme l’apologie d’un retour à l’ordre ancien qui ne manquera pas d’être chanté lors de la campagne électorale qui s’annonce. Mais, les servitudes du passé ne sauraient être le remède d’une société tournée vers l’avenir.
Le paysan a toujours su apprécier la promesse d’un champ de blé autrement que par l’argent.
La nouvelle génération doit tout simplement construire sa propre vie et ne plus se la laisser imposer. Elle doit s’aventurer entre risques et sagesse vers cet absolu qui leur tient à cœur. Comme un paysan, les jeunes se rendront alors rapidement compte que la réussite d’une culture de blé ne s’évalue pas seulement par le chiffre d’affaires qu’elle génère, mais aussi par la promesse que le champ porte en lui quand les épis en devenir se balancent sous la brise d’un coucher de soleil d’été. Tout cela le paysan a toujours su l’apprécier. Et c’est peut-être pour cela que l’homme de la terre se tient souvent à distance du tourbillon du monde contemporain parfois, reconnaissons-le, un peu cynique, souvent élitiste.