Culture à part entière, l’élevage de plants de choux a un réel intérêt économique. Très technique, il peut se faire sous abri ou en extérieur.
Être producteur de ses plants de choux, une solution efficace pour diminuer ses coûts d’implantation. C’est ce qu’ont pu remarquer des producteurs de légumes lors de deux journées de présentation, dans le cadre des portes ouvertes Innov’Action organisées par la Chambre d’agriculture en juin dernier. « Trois techniques sont utilisées pour élever ses plants : les mottes peuvent être surélevées sous abri, surélevées en extérieur ou enfin en mottes à l’extérieur directement sur le sol », résume Anthony Brulé, conseiller et animateur du comité de développement de la zone légumière de Saint-Pol-de-Léon (29). Chaque technique a ses avantages et ses inconvénients, sachant que la maîtrise est totale lors de l’utilisation d’un abri. C’est aussi la solution la plus pointue techniquement, et les investissements sont plus importants.
Un plant sur-mesure
Paul Bihan est producteur de légumes à Saint-Jean-du-Doigt (29). Il a opté pour cet élevage sous abri depuis six ans. « J’ai investi dans ce tunnel pour homogénéiser les traitements et l’irrigation. La gestion est plus simple qu’en pépinière. Je reçois les barquettes de 60 x 40 cm déjà semées sur palettes. Après utilisation, je n’ai pas à les désinfecter », confie le producteur. Quand 90 % des végétaux sont levés, une application en préventif de Proplant sécurise le développement des plantules. L’irrigation se fait après observation des plaques. « Si la luminosité est faible, je diminue l’arrosage. Je me fie au bord des plaques, ainsi qu’au poids des barquettes ». Au total, le producteur a investi 25 000 € pour la serre, 5 000 € pour la rampe. « L’outil peut aussi servir pour d’autres productions, comme les brocolis, les oignons de semis. Dans ce cas, l’amortissement est plus rapide. Pour ma part, j’ai mis trois ans à amortir l’ensemble, rampe comprise ». Une solution précise, qui plaît à Paul Bihan. « On fait le plant que l’on souhaite, bien durci avant plantation. La gestion est simple l’été pour ce durcissement, idéale pour freiner le plant ».
Du côté de la fertilisation, un apport de 4-6-9 est réalisé en un passage 10 jours après la levée. « C’est un apport équilibré pour les plantules. Apporter moins de potasse engendrerait des carences en cet élément, des réductions de croissance. Il est conseillé d’apporter deux fois plus de potasse que d’azote : en cas de fertilisation azotée trop conséquente, les feuilles les plants seraient plus tendres. Or les producteurs préfèrent des végétaux plus durs à la plantation », explique
Vianney Estorgues, ingénieur conseil en culture de choux à la Chambre d’agriculture du Finistère.
Un bilan économique favorable
Comparé à un achat de plant de choux en mottes, le bilan technico-économique reste favorable à l’élevage à la ferme. « Hors graine, le coût moyen estimé pour l’achat de plant-motte s’établit à 31 €/ 1 000 plants, pour une plantation d’été et pour 400 000 plants achetés. Le coût à l’hectare est alors de 403 € », chiffre Vianney Estorgues. Pour un élevage en exploitation, le coût se situe entre « 12 € dans les cas où l’amortissement est faible à 22 € pour des installations neuves. Le gain pour le producteur est alors compris entre 9 et 19 € pour 1 000 plants, soit 117 à 247 € par hectare de chou-fleur ». Reste à chiffrer la main-d’œuvre qui, selon les cas, demande un temps de travail pouvant aller jusqu’à 90 heures pour un élevage total. Une présence journalière exigeante, mais les gains financiers sont là.