Il existe une quarantaine d’espèces de limaces en Europe de l’Ouest mais les dégâts en cultures de céréales en France sont causés par deux espèces : la limace grise, la plus fréquente, et la limace noire qui semble la plus difficile à détruire.
À la recherche permanente de fraîcheur et d‘humidité, les limaces sont surtout actives la nuit. Ces ravageurs ne creusent pas, elles se déplacent en surface ou dans les cavités du sol, jusqu’à 30 cm de profondeur. Elles préfèrent les sols grossiers qui leur procurent des refuges pour le repos diurne et la ponte. Leurs déplacements sont généralement limités, de l’ordre de 5 m par nuit. L’activité est maximale pour des températures de l’ordre de 15°C avec un sol humide. En revanche, l’activité diminue fortement en deçà de 5°C et par temps sec.
Les limaces déposent leurs œufs dans les abris du sol. La durée d’incubation dépend de la température : de 15 à 20 jours à 20°C à plus de 3 mois à 5°C. L’éclosion se produit lors des périodes les plus favorables : printemps et automne. Plusieurs types de dégâts peuvent être observés avec des attaques qui se répartissent en foyers sur la parcelle.
Des dégâts différents selon le stade des céréales
Les attaques sur grains et/ou sur germes se traduisent par des manques à la levée : les germes sont dévorés avant leur sortie de terre et/ou les graines sont rongées et vidées. Le plus souvent, ils sont dus aux limaces noires qui se trouvent dans le sol. Elles sont plus difficiles à observer notamment avec le temps plus froid qui les incite à s’abriter en profondeur. Plus rarement, ils peuvent être dus aux limaces grises lorsque des graines sont en surface du sol. Des attaques après la levée présentent des symptômes bien connus et identifiés : les feuilles sont effilochées et trouées. Les attaques sur de très jeunes plantules peuvent conduire à leur disparition.
La nuisibilité occasionnée par les limaces (perte de plantes, retard de développement, perte de rendement) est difficile à prévoir et même à quantifier. De nombreux facteurs entrent en jeu, avec pour certains un impact variable selon les conditions agroclimatiques. Ainsi la durée du stade sensible varie selon la rapidité de développement de la culture. La capacité de compensation de la plante est également variable selon les caractéristiques intrinsèques à la culture mais aussi selon les conditions pédoclimatiques. Du côté des limaces, il peut y avoir aussi une variabilité de la population active piégée, tout d’abord selon les conditions climatiques, mais aussi selon leur stade de développement (jeunes ou adultes), leur répartition dans la parcelle, les capacités de refuges, la nourriture.
Les 2 principales limaces rencontrées
- Limace grise :
• Habitat : en surface,
• Déplacement : 6 à 7 m par nuit,
• Ponte : 300 à 400 œufs par limace avec une population majoritaire au printemps,
• Durée de vie : 9-12 mois. - Limace noire :
• Habitat : dans le sol,
• Déplacement : 2 à 3 m par nuit,
• Ponte : 150 à 300 œufs par limace avec une population majoritaire en été,
• Durée de vie : 12 à 18 mois.
Pierre Taupin / Arvalis – Institut du végétal