« La région Bretagne met le paquet sur son agriculture »

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À un mois du 5e appel à projet du Plan de modernisation des exploitations agricoles bretonnes, interview d’Olivier Allain, vice-président de la Région.

Quel bilan tirer des premiers appels à projet du Plan pour la compétitivité et l’adaptation des exploitations agricoles (PCAEA) ?

Depuis le 1er janvier 2014, 4 600 agriculteurs bretons (sur 32 000 environ) ont bénéficié d’un soutien financier dans le cadre du Programme de développement rural Bretagne (PDRB 2014-2020) et du PCAEA. Sous l’égide du Conseil régional, autorité de gestion des fonds européens, L’État, la Région et le Feader ont permis de distribuer 90 millions d’euros d’aides à la modernisation. Tout ceci a permis, malgré les crises, 546 millions d’euros d’investissement pour la ferme Bretagne. Soit un rapport de 1 à 6 entre la subvention engagée par les financeurs et le montant global des projets. C’est un indicateur de confiance qui montre que les agriculteurs croient en l’avenir. Cela participe aussi à la vitalité de nos territoires car la modernisation des exploitations donne du travail aux maçons, charpentiers, prestataires et fournisseurs locaux…   

Plus concrètement, dans quoi les Bretons ont investi ?

D’abord dans la modernisation des bâtiments d’élevage, qui a consommé la partie la plus importante du dispositif. Sur les 68,7 millions d’euros injectés en 2015-2016, environ 61,6 % ont été fléchés vers les ateliers laitiers, 17,57 % vers les porcins, 6,91 % vers la volaille (chair, repro, palmipède…) et 4,9 % vers les élevages bovins viande. Le secteur légumier a capté 1,5 % de l’enveloppe…  

En lait, les dossiers concernent essentiellement l’amélioration de l’efficience et des conditions de travail : robots de traite, rénovation des salles de traite, passage en logettes… En hors-sol, les producteurs ont cherché à retrouver de la compétitivité dans un contexte de parc bâtiments très ancien en Bretagne. En porc par exemple, on voit beaucoup de rénovations de maternité ou de post-sevrage, de réaménagement de gestantes, de couverture de fosse ou d’achat de matériel dédié à la fabrication d’aliments à la ferme (Faf)…

Justement, en volaille ou en porc, les plafonds ne sont-ils pas très bas par rapport au montant des projets ?  

À travers ce PCAEA, en s’appuyant sur l’intérêt de la décentralisation, nous avons cherché à mettre en place une politique régionale sur-mesure. En concertation avec toutes les composantes professionnelles agricoles. Pour un dossier sans bonification (JA ou petite filière par exemple), le plafond d’aides atteint 30 000 €, voire 50 000 € en porc. Ces montants ont du sens et assurent notamment que nous soutenons bien le modèle d’exploitations familiales que nous défendons en Bretagne. Nous cherchons aussi à éviter les effets d’aubaine : l’argent public est rare, il est important de bien le dépenser. Parmi les bénéficiaires, il y a de petits et de plus gros montants. Pour de très nombreux dossiers, nos aides ont déclenché des investissements qui, sinon, n’auraient pas été réalisés. Rappelons aussi que les filières porc, volaille et légumes étaient exclues des plans de modernisation avant 2014.

Évidemment, sur des projets actuels en volaille ou porc qui se chiffrent à 500 000 ou 1 million d’euros, notre subvention apparaît faible en proportion. Mais dans ce cas, il faut s’orienter vers notre dispositif de cautionnement via la Banque publique d’investissement (BPI) qui a un effet levier considérable en termes de garantie face aux organismes financeurs traditionnels.

Privilégier le matériel en commun

Le PCAEA ne finance pas que les bâtiments. « Nous apportons aussi un soutien tous azimuts à l’investissement en matériel agri-environnemental », précise Olivier Allain. « Les systèmes, en cohérence avec la politique des Maec, qui font une part belle à l’herbe : faucheuse, andaineur, autochargeuse… La technologie qui favorise l’économie d’intrants (engrais chimiques, phytosanitaires) : bineuse, guidage par GPS, débit proportionnel à l’avancement (DPA), analyse embarquée du lisier… » En privilégiant « toujours l’approche collective à l’individuelle », insiste le conseiller régional : « Un dossier pour un matériel en Cuma rapporte davantage de points. Derrière ce choix, il y a une réflexion sur la maîtrise des charges de structure des exploitations par la mise en commun. » Au total, sur 2016, 2,3 millions d’euros sont fléchés vers les Cuma (1 million en 2015).

Vous dîtes parfois que le soutien de la Région à son agriculture est « sans nul autre pareil »…

En effet, la Bretagne met le paquet sur son agriculture. Il faut le faire savoir aux producteurs qui, dans la difficulté, se sentent parfois abandonnés. En fait, l’agriculture est la priorité de la Région : elle consacrait 22,5 millions d’euros au dossier en 2007, contre 26 M€ en 2015 et 40 M€ en 2016. Alors que tous les autres budgets baissent ou stagnent dans les collectivités. En comparaison, le Grand-Est, qui compte 10 départements, n’y consacre que 18 millions…

Depuis 2015, la Région est autorité de gestion des fonds européens (Feader, FSE, Feder, FEAMP soit 1 milliard d’euros sur 6 ans), dont le Feader qui représente 368 millions d’euros sur la période. Ce dernier, argent européen, doit être co-financé par l’Etat et / ou les Régions pour être distribué. Nous sommes une des seules à co-financer les Mesures agri-environnementales (Maec). L’enveloppe totale du PCAEA breton atteint 180 M€ sur 6 ans, contre 140 M€ dans les Pays-de-la-Loire qui rassemblent 5 départements très agricoles également… Aucune autre Région n’investit de tels moyens dans l’agriculture.

Beaucoup de demandes
Malgré le contexte, il y a eu beaucoup de dossiers de demande d’aides dans le cadre du PCAEA, notamment via la mesure 411b sur la modernisation des bâtiments. En production laitière, cela a concerné aussi bien le logement des animaux que la traite. Les « petites filières » en ont aussi profité : bovin viande, ovin, caprin, veau de boucherie, apiculture… En porc, à l’occasion du dernier appel à projet à l’été 2016, le relèvement à 200 000 € HT du plafond du montant de travaux éligible a stimulé les demandes. Par contre, en volaille, le coût élevé des bâtiments neufs a naturellement orienté les aviculteurs vers la rénovation en profitant de la mesure 412 dédiée aux économies d’énergie et limitation des gaz à effet de serre.Olivier Rosat, GIE Élevages de Bretagne


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