Le projet de riz breton d’Alexandre Reis avait fait les gros titres des médias locaux l’année passée. Aujourd’hui, c’est l’heure de la récolte. Une première sur le territoire.
Alexandre Reis, producteur de safran à Évran, avait fait le pari fou l’année dernière de lancer les premières cultures de riz en Bretagne. Disposant de 6 000 m2 de terre en zone humide, le terrain semblait propice à la céréale d’Asie. Seulement voilà, parmi les 5 variétés testées (2 françaises, 1 italienne et 2 asiatiques) aucune n’est arrivée à maturité. Un coup dur pour l’audacieux cultivateur qui avait au préalable « essuyé les rires » du centre français du riz. « Notre manque de connaissances de cette culture était évident ; on a parcouru un long chemin depuis », avoue Alexandre Laverty, associé depuis peu à Alexandre Reis.
Le déclic grâce à la presse
« Nous étions seuls. Les riziculteurs des autres régions, la Camargue notamment, ne voulaient pas entendre parler de nous : un riz français ne pouvait pas être breton. Jusqu’au jour où les médias locaux ont relayé notre projet. Aussitôt parus les premiers articles, les prises de contact se sont enchaînées », se félicite Alexandre Reis. À commencer par le centre français du riz, qui retourne sa veste et fournit la seule variété française récoltée aujourd’hui aux côtés des 3 riz italiens et 3 vietnamiens. Preuve, s’il en fallait, que l’entreprise est sérieuse.
Pendant ce temps, les deux associés ne chôment pas. Ils étudient, se forment et s’informent sur les techniques culturales du riz. Problème : la culture immergée, celle pratiquée jusqu’alors pour cette plante considérée à tort comme 100 % aquatique, est compliquée dans nos contrées. « Il faut un sol à 14°C pendant une longue période. Nos premiers essais avaient été implantés trop tard, la plante n’avait pas pu profiter assez longtemps d’un sol à bonne température », d’où l’absence de récolte.
Le Mali à la rescousse
C’est finalement une rencontre organisée par la Maison familiale locale avec des agriculteurs maliens qui change tout. Dans ce groupe, où l’échange de bons procédés est la règle, un profil intéresse les deux Alexandre : un riziculteur, qui exploite 10 ha de riz… en culture sèche. Quelques bons conseils assimilés plus tard et voici les associés qui revoient totalement leur technique culturale. En avril, ils commencent par faire germer les graines sous serres en mini-mottes, qui permettent d’obtenir un système racinaire bien développé.
[caption id= »attachment_23317″ align= »aligncenter » width= »514″] Un témoin de 1 m x 1 m est conservé à des fins d’analyse pour les 7 variétés présentes.[/caption]
Le procédé est suivi d’une mise en terre, non irriguée cette fois, en juin. Les premiers essais sont faits sur 200 m2 sans apport d’engrais ni traitement, zone « zéro » oblige. Aujourd’hui, 7 variétés de riz sont récoltées. L’une d’entre elles sera sélectionnée, en fonction de son PMG (poids de mille grains), pour figurer en culture principale l’année prochaine. « Nous n’arrêtons pas les expérimentations pour autant et attendons d’autres riz en provenance du Japon, d’Inde, d’Italie pour la prochaine saison », se réjouit Alexandre Reis.
L’après récolte
La ferme de La Roseraie est une petite exploitation « à l’ancienne ». 2 cochons, une Jersiaise, quelques volailles de chair, et autres pondeuses qui permettent d’utiliser paille et son de riz comme litière et aliment. « C’est sans doute une piste à explorer pour que les éleveurs s’intéressent aussi à cette culture qui, pour le moment, n’est destinée qu’à une vente en circuit-court ». Alors le riz, la nouvelle céréale bretonne ? À suivre !
[caption id= »attachment_23314″ align= »aligncenter » width= »484″] Alexandre Laverty présente les produits à base de Safran produits en partie à la ferme.[/caption]
Le safran du Domaine du Triskell Rouge
La ferme est, depuis 2013, productrice de Safran. Aujourd’hui, plus de 10 000 bulbes de cette précieuse épice aux multiples vertus sont cultivés, puis transformés en vinaigre, savon, miel, moutarde à l’ancienne, etc. http://domainedutriskellrouge.fr