Jean a consacré quelques années de sa retraite à écrire l’histoire de sa vie. Avec l’aide d’un écrivain public, ce récit s’est transformé en livre.
[caption id= »attachment_23552″ align= »alignright » width= »244″] Souvenir du travail laborieux de novembre à la ferme avec le ramassage des betteraves.[/caption]
Le temps passe, la mémoire s’efface, mais les écrits restent inaltérables. C’est en voulant appliquer cette maxime que, l’heure de la retraite ayant sonné, Jean, ancien agriculteur finistérien, prend sa plume. « J’ai voulu montrer à mes enfants et petits-enfants comment on a vécu depuis les années 30 et leur illustrer, avec mon histoire, l’évolution de l’agriculture. »
Rétrospective
Alors, dès que l’inspiration est là, d’un coup de crayon, il raconte son enfance avec, entre autres, la crise de 1929 qui secoue aussi le monde agricole, ses souvenirs de la guerre alors qu’il était adolescent, l’occupation allemande et la période de privations à l’aube de sa vie d’adulte où de nombreux jeunes comme lui aspiraient à changer de mode de vie, dans un monde agricole plus moderne, plus mécanisé. Ce monde que décrivent les prisonniers de guerre à leur retour d’Allemagne ou d’Autriche et les jeunes de la JAC au retour de voyages… Une occupation de retraité qui s’étale sur quatre ans. Pour aboutir il y a quelques années à l’impression « du livre de sa vie » qu’il a distribué à ses proches avec une fierté bien légitime.
[caption id= »attachment_23551″ align= »aligncenter » width= »800″] Jean, ancien agriculteur, échange avec Corinne Le Loc’h autour des nouvelles anecdotes à insérer dans le livre de sa vie.[/caption]
Un recueil de partage
150 exemplaires, pas moins. Jean n’a pas travaillé pour rien ! « Mes petits-enfants ont été étonnés de voir quels étaient nos moyens de locomotion. Ils ont retenu quelques détails en s’identifiant à moi à leur âge » : pour aller à l’école, dans les années 40, point de bus. « On y allait à pied, sur un trajet de 5-6 km parfois, en sabots de bois, par tous les temps… » Les femmes, quant à elles, sont plus sensibles aux modes de vie : avec, par exemple, la tâche pénible du linge et le passage obligé au lavoir avant l’apparition de la machine à laver. Les hommes eux sont plus impressionnés par l’évolution de l’agriculture.
«Au-delà de sa distribution à la famille, mon livre a certainement été prêté. On m’en parle par-ci par-là… » Et tous les retours sont éloquents. « Mes écrits font resurgir des souvenirs oubliés des gens de mon âge, étonnés que je mentionne ces faits. » Et pourtant, tout n’est pas dit. De nouveaux souvenirs sont remontés à la surface depuis la parution de l’ouvrage et son auteur envisage donc une nouvelle édition. Car au-delà du passé, la vie continue : ce grand-père « Passeur d’histoire » s’est donc remis à l’écriture. Toujours pour ses proches.
Collectrice de mémoires
De l’écriture à l’édition
Ce travail de mémoire, Jean l’assume, seul. Pour le reste, « c’est un travail d’équipe », insiste-t-il. Sa fille l’aide dans la saisie informatique. Et en ce qui concerne l’édition, il a fait appel à un écrivain public. Ou plutôt une « collectrice de mémoires » comme l’aime à préciser Corinne Le Loc’h, gérante de la société Éditions mémoires vives, qu’elle a créée il y a 11 ans à Plouguin (29). « Ici, je suis intervenue sur la relecture, j’ai revu l’ordre des anecdotes pour un récit plus vivant, plus agréable à lire », explique-t-elle.
Mais d’ordinaire, c’est elle qui recueille les confidences de ses clients, au cours de sept entretiens en moyenne. Les histoires sont souvent évoquées aux repas de famille. Mais elles restent floues, dans le désordre. Et souvent, on se dit qu’on va prendre le temps de les écrire, pour les générations futures. Mais on remet aussitôt cette tâche au lendemain. Alors son aide peut être précieuse pour que ce cadeau de famille prenne vie.