La ferme d’innovation de Sourches, située dans la Sarthe, présente différents essais sur les plantes compagnes et des solutions de désherbage adaptées.
La concurrence de certaines adventices préjudiciables à la culture de colza est parfois difficile à maîtriser. C’est le cas des géraniums, qui peuvent être compliqués à contrôler. « Les levées irrégulières des dicotylédones sont plus délicates à gérer, contrairement aux graminées. Les traitements phytosanitaires peuvent parfois présenter des efficacités insuffisantes, de l’ordre de 40 à 50 % dans les situations les plus infestées. D’autres leviers agronomiques sont alors à actionner », introduit Gilles Sauzet, ingénieur d’étude et de développement chez Terres Inovia, lors d’une journée technique sur la crucifère, à Saint-Symphorien (72).
Lors du semis, l’idéal est de ne pas favoriser ces levées, et les techniques de semis direct ou strip-till répondent à cette situation. « Une implantation directe, à condition de ne pas dépasser les 6 km/h, réduit fortement l’utilisation d’herbicides. Au-delà de cette vitesse, le flux de terre engendré polluera l’interrang. Une intervention au strip-till aura les mêmes conséquences si ces vitesses d’avancement au champ sont respectées ». Limiter le passage d’outils est une solution adaptée.
Binage, herse et houe
La culture de colza se prête volontiers au désherbage mécanique. Ainsi, « un premier passage de herse étrille, au stade 2 feuilles du colza et avec des dents peu agressives, permet d’enlever 15 à 20 % d’adventices. Ce passage d’outil fait également germer des graines présentes dans le sol, qui seront éliminées par un second passage. Enfin, un 3e passage étouffera les dernières mauvaises herbes par recouvrement de terre ». Ce désherbage mécanique doit se prévoir dès le semis, en augmentant la densité, car certaines plantules peuvent être arrachées par la herse. D’autres appareils peuvent être utilisés, comme des bineuses, « au stade 4 à 5 feuilles du colza, qui relancera par le même temps la minéralisation du sol, ou plus rarement des houes rotatives, quand elles sont positionnées au stade jeune des adventices ».
Titre
[caption id= »attachment_23633″ align= »alignright » width= »244″] Le colza aime la présence de la féverole, qui le lui rend bien en attirant des insectes qui régulent les attaques de ravageurs.[/caption]
Autre thème abordé sur la parcelle d’essai sarthoise, celui des plantes compagnes. Associé à plusieurs légumineuses, le colza s’épanouit différemment que lorsqu’il est semé en pur. Réduisant l’asphyxie racinaire rendue possible dans les sols hydromorphes, « l’objectif premier de ces mélanges est d’augmenter la fertilité et la structure du sol », explique Florence Ferret, conseillère à la Chambre d’agriculture de la Sarthe Elle poursuit : « Un colza bénéficiera de l’action de la plante associée. Dans le cas de la féverole, les nectaires extra-floraux (glandes qui transforment la sève brute en nectar) présents sur la plante attirent d’autres insectes ».
Une façon de réguler la présence des ravageurs de la culture. Cette présence non concurrente pour le colza porte ses fruits. « Les pivots sont plus développés. En multipliant les espèces, comme la lentille ou le fenugrec, les apports d’azote seront différents. Une plante compagne gélive à port dressé aura une biomasse élevée, mais le contact au sol sera moindre lors de sa destruction par le froid. Ainsi, une lentille, avec une végétation moins importante, aura un contact au sol élevé, de l’ordre de 200 grammes, contre seulement 20 grammes pour une féverole », calcule Gilles Sauzet. Petites et grandes plantes compagnes ont alors un rôle aussi important à jouer.