La visite d’une parcelle d’une plateforme de 11 variétés de betterave semées au Gaec de Mez-Ar-Lan à Coatréven a permis d’insister sur l’intérêt de cette fourragère productive en culture et performante dans la ration des laitières.
Une trentaine d’agriculteurs ont participé à la demie-journée d’information sur la culture de la betterave fourragère organisée par le Syndicat mixte des bassins versants du Jaudy-Guindy-Bizien et des ruisseaux côtiers en partenariat avec la Chambre d’agriculture. L’occasion de faire le point sur ce concentré d’énergie pour la ration, à commencer par l’itinéraire technique pour assurer un rendement régulier.
Faux semis
[caption id= »attachment_24004″ align= »alignright » width= »351″] Par soucis de gain de temps à la récolte, beaucoup d’agriculteurs implantent leur betterave en milieu de parcelle. Ici, entourée de maïs par exemple.[/caption]
« Pour une valorisation par des vaches laitières, opter pour des betteraves de type fourragères sucrières », rappelle Sylvain Le Floc’h, animateur bassin versant à la Chambre d’agriculture, concernant le choix variétal. « Si l’on recherche un taux de matière sèche plus élevé, le choix doit alors s’orienter vers des betteraves de type sucrières fourragères. Mais méfiance, ces betteraves seront beaucoup plus enterrées et devront être hachées pour la distribution ». Ensuite, préférer une parcelle sans cailloux et, de préférence, avec une pression de mauvaises herbes la plus faible possible. « À ce propos, n’hésitez pas à réaliser un faux semis pour limiter la pression des adventices. » Astuce : par soucis de gain de temps à la récolte et dans la mesure du possible, beaucoup d’agriculteurs implantent en milieu de parcelle.
Dès que le sol est ressuyé et que sa température a atteint 8 °C, la betterave peut être semée. Suivant l’écartement entre rangs (50 ou 75 cm), la densité de semis va varier entre 80 et 110 000 graines / ha. « Attention, c’est une plante sensible à la battance, au compactage. La préparation de la terre doit être fine et le sol rappuyé pour assurer une bonne levée. »
Puis, la couverture du sol étant assez lente (surtout avec un interrang de 75 cm), il faut être vigilant face au développement des adventices. « La betterave est très sensible à la concurrence, il n’est pas rare d’intervenir 3 à 4 fois pour désherber une parcelle. À ce titre, le binage est possible dans les semis à 75 cm, et bénéfique pour la betterave ».
Sur la question de la fertilisation, le conseiller poursuit : « La betterave peut être implantée après une prairie. C’est un excellent piège à nitrates puisqu’elle puise l’azote jusque tard dans son cycle, contrairement à un maïs. Ses besoins azotés sont de 15 kg / t de matière sèche. Noter également qu’elle est très exigeante en phosphore et potasse. »
Les résultats de la plateforme de Coatréven
Sylvain le Floc’h commente brièvement : « Ces mesures de matière sèche réalisées sur le terrain ont montré que la variété la moins « productive » en tonnage brut s’avère être celle avec un rendement matière sèche par hectare la plus élevée. » À noter que plus le taux de matière sèche est élevé, moins le produit est riche en eau et probablement plus facile à conserver, mais surtout la quantité brute à distribuer dans la ration est moindre. Et de préciser : « Le taux de matière sèche peut varier pour une même variété, suivant plusieurs critères dont l’écartement entre rangs. En effet, pour un semis à 50 cm d’interrangs, bien souvent les taux de MS sont plus élevés et la taille des betteraves plus petites. »
Jamais aux taries
Une fois récoltée, La betterave est un aliment riche en eau (13 à 22 % de MS) et très digestible. Sa valeur énergétique élevée s’explique par sa faible teneur en parois végétales et sa forte teneur en glucides solubles. « Son effet sur les performances de production laitière est d’autant plus important que le fourrage qui lui est associé est pauvre en énergie », précise Sylvain Le Floc’h.
« Si l’ingestion totale augmente quand elle est associée à de l’ensilage d’herbe ou de maïs dans la ration, son intégration ne doit pas dépasser 5 kg de MS / VL / jour. Et son introduction doit être progressive en réalisant une transition d’une dizaine de jours. » La betterave peut donc trouver sa place dans les différents régimes permettant de sécuriser les besoins énergétiques d’un troupeau à fort besoin ou de complémenter un fourrage dont la qualité n’est pas à la hauteur de ce que l’on attendait.
À noter que ce fourrage est à réserver aux animaux en production. « Il ne faut surtout pas en donner aux vaches taries car la betterave est riche en potassium et en sodium et de ce fait défavorable à une balance anions-cations (Baca) négative recherchée en fin de période de tarissement. »