Changement d’alimentation : viser trois semaines de transition

La baisse du niveau de production ou des taux peut être le signe d’une plus faible ingestion des vaches. - Illustration Changement d’alimentation : viser trois semaines de transition
La baisse du niveau de production ou des taux peut être le signe d’une plus faible ingestion des vaches.
Chez les ruminants, on nourrit en premier les microbes du rumen et non l’animal lui-même. Pour qu’ils s’adaptent aux changements d’alimentation, il faut au moins trois semaines de transition.

Estomac principal des bovins, le rumen est une grande « cuve de fermentation » peuplée d’un vaste panel de microorganismes vivants dans un milieu sans air, acide et à température constante de 39/40 °C. Tout changement alimentaire entraîne des bouleversements pour cette flore ruminale, nécessaire à la digestion et à l’optimisation de la ration.

Des euros en moins

La flore cellulolytique est spécialisée dans la dégradation des parois des végétaux et la flore amylolytique s’attaque aux sucres des végétaux : l’amidon. « L’idéal est d’étaler les transitions alimentaires sur trois semaines pour que la flore adaptée se mette en place. Outre les problèmes sur la santé des animaux (acétonémie, subacidose, mammites…), des transitions trop brutales peuvent entraîner une valorisation moindre de la ration, avec une baisse de production et des taux, ou des problèmes de vêlage ou de reproduction », souligne Loïc Quéméré, directeur technique Eilyps.

À savoir aussi que la paroi du rumen est couverte de papilles. Les acides gras volatils (issus de la fermentation des sucres) sont absorbés à la surface de cette paroi. Plus les papilles sont grandes et nombreuses, plus la surface interne du rumen est importante, donc meilleure est l’absorption des acides gras volatils. La surface des papilles, stimulée par une ration riche en amidon, diminue rapidement (en deux semaines) quand on passe à une ration pauvre en amidon et riche en cellulose. Par contre, il faut douze semaines pour faire le chemin inverse.
« Pour passer d’une alimentation hivernale à base de maïs au pâturage, mieux vaut distribuer un repas à base de maïs avant de faire sortir les vaches », conseille Loïc Quéméré. « Et même si la ration hivernale est à base d’ensilage d’herbe et de foin, il est préférable de faire quand même une transition. »

Sécuriser la rumination et l’amidon

Du fait des différences entre les maïs, mieux vaut assurer aussi un passage doux entre deux silos (après une phase de stabilisation du nouveau maïs de 30 à 45 jours). « On peut mettre 1/3 du nouveau maïs et 2/3 de l’ancien en 1re semaine, moitié-moitié en 2e semaine, et ne garder qu’1/3 de l’ancien maïs en 3e semaine. » Et le nouvel ensilage de maïs, plus appétent, peut être limité et complété par l’ajout de foin ou d’enrubannage : une sécurité pour la rumination.

Par ailleurs, dans un ensilage de maïs frais, l’amidon est moins digestible. À ce stade, on peut remarquer davantage de grains dans les bouses. « Le temps que le silo soit bien stabilisé, un apport de céréales fermentescibles (blé, orge ou maïs grain humide) est recommandé pour compenser la moins bonne disponibilité de l’amidon de l’ensilage. »

Observer son troupeau

Pendant les transitions, prendre du temps pour observer son troupeau permet de détecter des soucis. On peut vérifier le niveau de production, les taux. S’ils baissent de manière importante, cela peut être le signe d’une plus faible ingestion des vaches. La baisse de la rumination est un autre indicateur de mauvaise transition. Des bouses plus molles, ou avec la présence de grains ou de fibres non digérées, sont aussi des signes de dysfonctionnement.


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