Le procédé qui consiste à couvrir une fosse pour produire du biogaz destiné à chauffer les bâtiments est en test à la station de Guernévez (29). Avec un investissement 10 fois moindre qu’en méthanisation, un élevage moyen pourrait économiser 10 000 € de gaz/an.
Une couverture de fosse Nénufar a été installée courant de l’année 2016 sur une des fosses à lisier de la station expérimentale de Guernévez à Saint-Goazec (29). Ce procédé proposé par une start-up française capte et valorise le biogaz qui s’échappe des fosses à lisier pour chauffer les bâtiments d’élevage en substitution aux énergies fossiles.
« Dans le cadre de l’application de la loi de Transition énergétique, l’agriculture doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % à horizon 2050. Le procédé Nénufar est une bonne solution. Il reste maintenant à estimer la rentabilité d’un tel investissement et de trouver des leviers pour l’atteindre, c’est cela qui permettra une démocratisation sur les exploitations agricoles », déclare Hervé Sévenou, président de la commission environnement à la Chambre d’agriculture du Finistère.
Rémunéré pour la non-production de GES
« Le projet Prométhis vise à démontrer la faisabilité opérationnelle du procédé Nénufar en termes de robustesse, contraintes techniques… Nous allons aussi valider et chiffrer les bénéfices environnementaux du dispositif. Pour 2017, nous espérons être en mesure de communiquer une analyse claire des aspects économiques et des conditions de rentabilité », explique Aurore Toudic, chargée d’étude environnement à la Chambre régionale d’agriculture et en charge de ce projet. Selon Hervé Sévenou, l’évaluation de la quantité de gaz à effet de serre (GES) qui n’a pas été émise dans l’atmosphère pourrait déboucher sur une rémunération pour les éleveurs de cette non-production.
[caption id= »attachment_24289″ align= »aligncenter » width= »602″] La couverture flottante est maintenue à la surface du lisier grâce aux boudins gonflés par un compresseur.[/caption]
80 000 € d’investissement
Concrètement, ce procédé est une sorte de méthanisation rustique à température ambiante. C’est une façon de valoriser du biométhane sur
son élevage sans gros investissements. « Pour un projet moyen il faut investir environ 80 000 €. Cela comprend la couverture de fosse, la chaudière à biogaz, les tranchées et le réseau pour acheminer le biogaz à la chaudière. Sur une fosse de 18 m de diamètre, nous estimons que la production de biogaz permet d’économiser environ 10 000 € de gaz par an. Le retour sur investissement est donc de 8 ans lorsqu’il n’y a pas d’aides. C’est tout de même à analyser au cas par cas », précise Rémy Engel, co-fondateur de Nénufar.
Le principe de fonctionnement est assez simple, la couverture de fosse flotte à la surface du lisier grâce à des boudins maintenus gonflés par un compresseur. Le dôme est gonflé par le gaz qui remonte à la surface. Un surpresseur se met en route 4 à 5 fois par jour pour acheminer le biogaz vers l’analyseur puis vers le filtre à charbon pour être épuré avant d’être stocké dans le gazomètre qui alimente ensuite la chaudière.
Une production de 20 m3/jour en novembre
La production de biogaz est liée à la température et à la qualité du lisier. « La production est supérieure avec du lisier venant d’un atelier d’engraissement qui est plus riche que celui de la maternité. Avec une fosse à 20°C en été on produit plus que lorsqu’elle est à 11°C l’hiver. Par exemple, la production était de 50 m3 de biogaz/jour cet été alors qu’on enregistre 20 m3/jour pour le mois de novembre », constate Aurore Toudic.