En Bretagne, le désherbage est souvent réalisé trop tard.
Au-delà du stade épi 1 cm, les adventices sont devenues concurrentes pour la culture ce qui conduit le plus souvent à des baisses de rendement. À l’inverse, lorsqu’ils sont réalisés dans de bonnes conditions climatiques, les désherbages réalisés avant ce stade, visant des adventices peu développées sont plus efficaces et préservent le potentiel de la culture.
Intervenir avant mars
6 essais ont été conduits en Bretagne de 2011 à 2016 par Arvalis afin de mesurer la date optimale de désherbage. La flore présente (stellaires, véroniques, pâturins…) est très représentative de la flore bretonne. La réponse obtenue est la mê-me quels que soient le contexte et le potentiel de la parcelle.
On observe qu’il convient de ne pas désherber au-delà du stade plein tallage (février) pour intervenir sur flore dicotylédone (cf. graphique). Sur le graphique, les écarts de rendement indiqués correspondent au gain de rendement mesuré entre parcelles désherbées à différentes dates en comparaison au témoin non désherbé. Un désherbage réalisé à partir du stade épi 1 cm conduit à une perte de rendement de 4 q/ha par rapport à un désherbage réalisé au stade plein tallage compte tenu d’une nuisibilité plus forte des adventices.
En effet, à partir de mars, la plupart des adventices sont déjà développées, ont exercé de la concurrence et seront difficiles à détruire. Les pertes de rendement consécutives à ces pratiques ne sont pas visuelles, mais ce sont plusieurs quintaux qui se sont envolés. Par ailleurs, on peut noter la régularité des résultats lorsque le désherbage est réalisé précocement du stade 3 feuilles à début tallage.
À raisonner selon la date du semis
Du stade 3 feuilles à début tallage la grande majorité des adventices sont levées. Dans les parcelles très sales en graminées, la nuisibilité des adventices peut s’exercer dès le tallage et la perte en rendement peut rapidement être conséquente. Ainsi, il est préférable d’intervenir dès la fin novembre – début décembre pour les semis du mois d’octobre ou dans les parcelles infestées de ray-grass.
Pour les semis plus tardifs (mi à fin-novembre), la levée des adventices est retardée et l’intervention peut être décalée sur janvier ou février en fonction de l’observation des adventices. De même, si la pression d’adventices est assez faible, il est possible d’attendre la sortie hiver.
À partir du stade épi 1 cm, la nuisibilité des adventices s’exprime fortement en particulier en cas de présence de folles avoines ou ray-grass, mais aussi de matricaires, véroniques, gaillet…
Trop souvent, les échecs de désherbage sont dus à des interventions trop tardives et/ou sur des densités d’adventices trop élevées. À vouloir attendre, on en oublie que les adventices continuent de croître et pénalisent la culture.
Désherber en bonnes conditions
Au moins 50 à 60 % d’hygrométrie. Il faut rechercher une hygrométrie supérieure à 50 %, pour favoriser une hydratation de la cuticule favorable à la pénétration de l’herbicide. De fortes baisses d’efficacité sont constatées lors de traitements réalisés en période sèche. Pour les produits à absorption racinaire, le sol doit être suffisamment humide pour permettre la dissolution de la matière active dans la solution du sol et l’absorption par les adventices.
Prendre en compte la température pour certains produits. Les antigraminées foliaires (Axial Pratic, Puma LS, Vip…), les hormones ou encore le glyphosate, appartiennent à la catégorie des herbicides foliaires pénétrants. Leur efficacité est conditionnée par des conditions poussantes (sol humide, températures douces dans les 8-10 jours encadrant le traitement, atteignant au moins 9-10°C dans la journée, sans dépasser 20°C) qui favorisent la circulation de la sève véhiculant le produit dans la plante.
Éviter de traiter si une période de gel est annoncée. La majorité des accidents intervenant après une application phytosanitaire est observée après des applications suivies de période de gel pendant plusieurs jours. Il faut donc être attentif aux prévisions météo et préférer attendre si de telles conditions sont annoncées. Le risque est d’autant plus important si le gel nocturne est accompagné de températures douces pendant la journée.
Éric Masson – Michel Moquet / Arvalis-Institut du végétal