La mouche géomyze, nouveau risque sur maïs

geomyze-mouche-mais - Illustration La mouche géomyze, nouveau risque sur maïs
Le taupin est habituellement le principal ravageur des maïs en Bretagne. Le profil climatique de l’année 2016 n’a pas favorisé les attaques, mais c’est la mouche géomyze qui a fait l’actualité. Retour sur un phénomène jamais observé avec cette ampleur dans la région.

À partir de fin mai, des dégâts importants dus à la mouche géomyze sont observés sur les maïs en cours de levée, jusqu’à 3-4 feuilles. La Bretagne est la plus touchée, mais les régions voisines sont aussi concernées : Pays de la Loire, Normandie et même un peu en région Centre, dans les zones d’élevage. Ce ravageur est bien connu dans la région, mais les attaques restent habituellement très localisées dans les secteurs froids et bocagers. Vu l’ampleur des dégâts, une enquête auprès des producteurs a été  menée dans le cadre du Bulletin de santé du végétal par la Chambre régionale d’agriculture et Arvalis, avec la participation des distributeurs pour la diffusion.

Des facteurs climatiques prépondérants

L’enquête révèle des dégâts répartis de façon quasi uniforme sur la région, avec des niveaux d’attaques parfois très importants dans les situations non protégées par un traitement de semences efficace. L’itinéraire cultural n’apparait pas déterminant dans l’expression des dégâts. En effet, toutes les dates de semis sont concernées, la présence d’un engrais starter ne modifie pas les attaques. Les caractéristiques de la parcelle (exposition, présence de haies, type de sol…) n’expliquent pas non plus l’ampleur des dégâts.

[caption id= »attachment_24213″ align= »aligncenter » width= »603″]Dans certaines parcelles touchées, on a observé des redémarrages de plantes. Ces plantes ont produit du grain, mais pas suffisamment pour compenser les pertes de rendement. Dans certaines parcelles touchées, on a observé des redémarrages de plantes. Ces plantes ont produit du grain, mais pas suffisamment pour compenser les pertes de rendement.[/caption]

Restent donc les facteurs climatiques pour tenter d’expliquer le phénomène. Une certitude, l’hiver 2015/2016 exceptionnellement doux, avec très peu de jours de gel, n’a pû qu’être favorable à la survie de nombreux insectes ravageurs. Mais cela ne peut tout expliquer, car les hivers doux sont assez fréquents depuis quelques années. Les conditions du printemps ont donc également dû convenir au développement de l’insecte. L’humidité du mois de mars, puis la succession de périodes froide fin avril et plus chaude en mai auraient favorisé la pupaison, transformation de la larve en mouche adulte, puis les vols. Dernier élément explicatif, la synchronisation entre le vol abondant de mouche et le stade le plus sensible du maïs vis-à-vis des mouches, entre la levée et 3-4 feuilles. En effet, les semis ont été assez groupés, sur la première quinzaine de mai cette année, et la majorité des parcelles étaient à ce stade sensible à la fin du mois de mai.

[caption id= »attachment_24214″ align= »aligncenter » width= »600″]Symptôme typique suite à une attaque de mouche géomyze au stade 3-4 feuilles. La plus jeune feuille est desséchée, les deux premières feuilles restent vertes. Symptôme typique suite à une attaque de mouche géomyze au stade 3-4 feuilles. La plus jeune feuille est desséchée, les deux premières feuilles restent vertes.[/caption]

Bilan des attaques

On peut estimer qu’au moins une parcelle sur deux ayant subi des attaques d’intensité plus ou moins forte, environ 20 % de la surface totale régionale (soit près de 100 000 ha) a subi des dégâts significatifs. Les resemis ont été relativement peu nombreux eu égard aux constats faits sur les parcelles début juin. Ils n’ont, en général, pas permis de faire mieux que les parcelles non resemées. Le redémarrage des plantes attaquées a permis de réduire l’impact dans certaines parcelles. Il faut noter que cette réaction de la plante n’avait pas été observée dans le passé. Une plante attaquée  par la mouche géomyze est généralement bloquée à son stade d’attaque et disparaît le plus souvent.

Dans les parcelles non protégées, les pertes de rendement sont estimées entre 10 et 50 %. L’impact est plus fort en production de grain qu’en maïs fourrage (voir tableau, essai réalisé à Bignan).

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Des solutions insecticides très limitées

En matière de conduite culturale, il n’apparaît pas de levier agronomique efficace pour réduire le risque. Concernant la protection insecticide, les observations en essais, confirmées par l’enquête agriculteurs, montrent clairement la faiblesse des solutions insecticides en micro-granulés ou du traitement de semences Force 20CS. Seul le traitement de semences Sonido a pu permettre de contenir les attaques à des niveaux acceptables, souvent à moins de 10 % de dégâts. En effet, la larve de géomyze s’introduit entre le coléoptile et la première feuille et il faut un produit systémique, véhiculé par la sève du maïs, pour contrôler correctement les attaques.

La loi d’août 2016, pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, prévoit l’interdiction à partir de septembre 2018, des insecticides de la famille des néonicotinoïdes, dont fait parmi le Sonido. Pour lutter contre le taupin, les solutions insecticides en micro-granulés offrent une solution alternative, avec des résultats globalement comparables au Sonido. Mais, sauf dérogations possibles jusqu’en 2020, il ne restera plus de solution efficace à partir des semis 2019 pour protéger les maïs contre les mouches géomyze ou oscinie.

Zoom sur la mouche géomyze

L’adulte est une petite mouche (3,5 mm) qui se caractérise par la présence de 3 points sur ses ailes (géomyza tripunctata). À partir de 10°C de température au sol, les adultes peuvent émerger, voler et pondre sur les maïs déjà levés. La larve va s’introduire entre le coléoptile et la première feuille. Le premier symptôme est le flétrissement de la dernière feuille, puis de toutes les feuilles. Un peu plus tard, une zone renflée est visible à la base du collet, consécutif à l’épaississement des tissus. Pour cette raison, on appelle aussi la géomyze mouche du poireautage. Dans la plupart des cas, la plante se dessèche et meurt rapidement. Parfois, la morsure de la larve ne détruit pas complètement l’apex et des talles, peu productives, repartent à la base.

La géomyze réalise 3 cycles par an. Les prairies de graminées sont des hôtes privilégiées de cette mouche qui peut aussi attaquer les céréales, notamment le triticale. Elle a été identifiée pour la première fois sur maïs dans les années 1970 (Brunel, Inra). Sur maïs, la géomyze côtoie une autre mouche, l’oscinie, dont on observe les dégâts un peu plus tardivement, à partir du stade 6-7 feuilles (feuilles piquées et déformées, tallage).

E. Masson – M. Moquet, Arvalis Institut du végétal


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