Les situations de stress chez les truies conditionnent le développement fœtal et l’immunité des jeunes. Le logement des gestantes sur paille réduit ce niveau de stress. Les porcelets s’en portent mieux.
[caption id= »attachment_24086″ align= »alignright » width= »241″] Élodie Merlot, coordinatrice du projet de recherche à l’Inra.[/caption]
Des études sur les rongeurs l’avaient déjà démontré. Le stress prénatal a un impact sur le développement des fœtus. La production de cortisol augmente. L’hormone franchit le placenta et contrarie le développement des fœtus. Qu’en est-il dans l’espèce porcine ? Une étude menée sur des truies gestantes a mis en évidence l’effet de l’environnement des truies, et le stress qu’il induit, sur les chances de survie des porcelets. Deux systèmes d’élevage en groupe, alimentés au Dac, ont été comparés en ferme expérimentale sur une centaine de portées. L’un, conventionnel, sur caillebotis. L’autre, sur paille et avec 1 m2 de plus par truie. Une dizaine de jours avant la mise bas, toutes les truies entrent en maternité, dans des cases individuelles classiques. « Nous avons comparé la survie des porcelets et les caractéristiques, immunitaires et comportementales des truies dans les deux systèmes », indique Elodie Merlot, coordinatrice du projet de recherche à l’Inra.
Jusqu’à 6 fois plus de cortisol
Les conditions d’élevage pendant la gestation influent fortement sur les taux de mortalité des porcelets. « La mortalité précoce, dans les 72 premières heures, est moins importante chez les porcelets issus de gestantes logées sur paille : 6,3 % contre 13,6 % dans le système gestante caillebotis ». Le taux de cortisol a été mesuré pendant toute la gestation, sur l’ensemble des deux troupeaux (toutes conditions égales par ailleurs). « 35 jours après l’insémination, la concentration de cortisol salivaire est 3 à 4 fois plus élevée chez les truies sur caillebotis. 105 jours après l’IA, ce taux est 6 fois plus élevé ».
Le stress oxydatif et le nombre de globules blancs (pression microbienne) sont également plus élevés chez les truies du système conventionnel sur caillebotis. Les poids de naissance sont pourtant les mêmes dans les deux groupes ; la durée de gestation est identique. « Il y a un peu moins de mort- nés dans le groupe « paille » mais il ne s’agit que d’une légère tendance ». Le système d’élevage n’a pas influencé la quantité de composés nutritionnels et immunitaires du colostrum.
D’où vient ce stress ?
« La grande différence de mortalité observée dans les deux systèmes ne peut pas être expliquée par un seul paramètre, mais il est possible que l’altération cumulée de plusieurs facteurs y contribue ». Le stress est-il moindre dans un système sur paille qui permet aux animaux d’assouvir leur instinct fouisseur ? La consommation de fibres permet-elle de mieux rassasier les truies ? La température au niveau de la paille est-elle plus confortable ? Le microbiote est-il impacté ? La densité peut-elle expliquer la différence ? L’étude soulève beaucoup de questions. Elle se poursuit pour tenter d’apporter des réponses et d’identifier des mesures applicables dans des situations d’élevage avec de fortes mortalités sous les mères.