Les diarrhées néonatales persistent, même dans les élevages performants et partout dans le monde. L’effet des antibiotiques est limité ; les probiotiques ou certains anti-oxydants peuvent limiter leur apparition.
Pour plusieurs types de diarrhée, la présence de l’agent pathogène ne suffit pas pour causer la maladie. Une immunité insuffisante du porcelet et une pression d’infection élevée sont souvent nécessaires. Plusieurs facteurs prédisposants peuvent entraîner soit l’un soit l’autre : des règles de biosécurité insuffisante, une humidité élevée qui favorise la croissance bactérienne, une température trop froide qui affaiblit les porcelets : leur transit intestinal ralenti favorise la multiplication des colibacilles. La prise de colostrum peut être insuffisante entraînant à la fois une baisse d’immunité et d’énergie. Vaccins et médicaments peuvent protéger les animaux mais ne sont pas toujours suffisants. L’alimentation des truies aussi joue un rôle sur les troubles digestifs des porcelets en limitant (ou pas) l’immaturité à la naissance, la durée de mise-bas, la constipation des truies, la vitalité des petits ou encore l’hétérogénéité pondérale à la naissance.
Enrichir la flore bactérienne
Les probiotiques font partie de l’arsenal thérapeutique. Ces micro-organismes (bactéries ou levures), ingérés en quantité suffisante, permettent d’enrichir la flore bactérienne normale pour prévenir ou traiter certaines maladies digestives. Le yogourt est un bon exemple de produit qui contient des bactéries qui exercent un effet bénéfique sur la santé. En utilisant des probiotiques chez la truie, on cherche à concurrencer les bactéries nuisibles par l’ajout de micro-organismes bénéfiques et ainsi diminuer l’excrétion des pathogènes. Des éleveurs intervenants à une journée technique, organisée par Lallemand Nutrition Animale, témoignent de l’utilisation de ces probiotiques ou d’anti-oxydants.
« Je préfère utiliser des levures que de piquer des porcelets »
[caption id= »attachment_24073″ align= »alignright » width= »300″] Martine Le Rat, 600 truies à Mauron (56)[/caption]
Avant l’utilisation des levures Levucell SB, il y a quelques années, 60 à 80 % des portées étaient affectées par des diarrhées, dès les premiers jours et les truies avaient souvent des congestions mammaires. J’injectais régulièrement des antibiotiques aux mères et à leurs petits. Les weekends, je passais trop de temps dans les maternités. J’ai décidé d’utiliser les levures à raison de 200 g par tonne d’aliment gestante et allaitante, puis 100 g/tonne en croisière. En complément, les cochettes reçoivent 50 g/jour pendant une dizaine de jours autour de la mise-bas. Les problèmes ont disparu.
En février 2016, il y a eu un problème d’approvisionnement sur deux livraisons consécutives. Les diarrhées ont repris mais seulement quelques jours avant sevrage. Avec la levure, la situation s’est rétablie. Le coût est proche de 5 € par tonne d’aliment livrée (6 € par truie/an). Les vaccins « coli » ne sont plus administrés aux truies depuis un an mais ont été maintenus sur cochettes. Les injections d’antibiotiques sont limitées à 1 ou 2 truies, en moyenne, sur la trentaine de chaque bande. Les dépenses vétérinaires sont passées de plus de 100 €/truie/an en moyenne à 63 €/truie actuellement. Nous sevrons 11,5 porcelets par portée à 6,4 kg à 20 jours. Les cochettes sont issues d’auto-renouvellement. Elles sont contaminées à la bouillie anglaise depuis plusieurs années. Martine Le Rat, 600 truies à Mauron (56)
« Des anti-oxydants et des levures onéreuses mais bénéfiques »
[caption id= »attachment_24072″ align= »alignright » width= »300″] Philippe Esnaud, 200 truies NE en Ille-et-Vilaine.[/caption]
Le SDRP et la grippe font partie de l’historique de l’élevage. Le rotavirus a été diagnostiqué en 2010. La pression sanitaire sur le cheptel truie est importante. Cette pression se manifestait par une fertilité très variable et des péri-mise bas compliquées avec des truies qui montaient en température et qui ne mangeaient plus. Les diarrhées néonatales étaient fréquentes à 5-7 jours d’âge. Les levures et du sélénium organique sont utilisés dans les 2 aliments truies. J’utilise un anti-oxydant (extrait de melon) depuis 1 an, à raison de quelques grammes par jour, 8 jours avant mise bas et pendant toute la lactation (ajout manuel), puis 5 jours après sevrage. Rien d’autre n’a changé dans la conduite d’élevage. Je constate que les mises bas se passent mieux et que les truies ne bloquent plus à l’auge.
Les porcelets sont bien plus vifs. Ils vont directement à la tétine, ce qui n’était pas le cas auparavant. Même s’il y a encore un peu d’hétérogénéité, il y a beaucoup moins de porcelets immatures. Le nombre de nés totaux a progressé de 0,5 et le nombre de morts nés a baissé de 0,2 sur l’année 2016. Surtout, le taux de pertes en maternité a baissé et la qualité des porcelets a augmenté. Le coût du protocole est de 7 €/portée, soit 50 centimes par porcelet sevré. C’est beaucoup mais je m’y retrouve. Sur le premier semestre 2016, je sevre 13,06 porcelets par portée à 6,1 kg de moyenne à 21 jours, sans case balance, sous les truies de la bande. La question est désormais de savoir comment donner moins de produits en conservant le bénéfice sanitaire pour alléger les dépenses. Philippe Esnaud, 200 truies NE en Ille-et-Vilaine.