En quête constante d’amélioration de son système, Régis Hamon, du Gaec des Troènes à Plouarzel (29), a appris à détecter sur ses animaux un rumen vide, des signes d’acidose… Une surveillance d’autant plus facile depuis qu’il gère son troupeau en lots.
« Avant mon installation, les vaches allaient pâturer jusqu’à 1,7 km de distance. Le système permettait de maîtriser le coût alimentaire mais engendrait des boiteries et beaucoup d’énergie pour la marche au détriment de la productivité laitière », analyse Régis Hamon, installé depuis 2012 avec ses parents, à Plouarzel (29). Avec l’agrandissement du troupeau, de 70 à 110 VL, il a fallu trouver une organisation différente avec 10 ha accessibles près de la stabulation. La volonté de lisser la production sur l’année, n’a pas permis de retenir le choix du vêlage groupé. Par contre, le bâtiment avec deux auges et deux zones distinctes se prêtait au fractionnement du troupeau en deux lots. « Un essai concluant dès la première année, avec un meilleur suivi des chaleurs dans des lots d’animaux homogènes. »
[caption id= »attachment_23875″ align= »aligncenter » width= »596″] Jean-Félix Torchen (BCEL)et Régis Hamon.[/caption]
Jusqu’à 200 jours de lactation
Le lot « haut » concerne le début de lactation, avec les 2/3 des animaux à moins de 200 jours de lactation. À ce stade physiologique, les vaches ont accès au pâturage en journée, de mars à juin, et la nuit en période estivale, de juin à septembre. « Mais l’auge, où sont distribués les ¾ de la ration, reste toujours accessible. Avant d’accéder au pâturage, les animaux reçoivent du maïs ensilage. » Les vaches ont ainsi toute l’année de l’herbe à disposition à un moment donné. Cette conduite permet de privilégier l’accès à l’herbe au pic de lactation et pendant la phase de reproduction. Une attention particulière est portée sur les chaleurs à 40 jours, « pour éviter la chute de lait à l’insémination. » L’intervalle-vêlage-vêlage est de 383 jours, il s’est réduit de 20 jours en 1,5 an.
Le lot « bas » à l’étable
Le lot de fin de lactation reste, quant à lui, dans la stabulation. Pour une raison pratique avant tout : la porte d’accès au pâturage donne sur le lot « haut ». Si pour le lot « haut », la ration est établie pour 35 kg de lait, le régime du lot « bas » se base sur une production de 25 kg. « J’essaie de faire des lactations courtes. Cette ration de fin de lactation coûte cher : 90 à 95 € / 1 000 L pour une efficacité de 1,3 L de lait / kg de MS ingéré, contre 85 -90 € pour le lot « haut », avec une efficacité de 1,5. Ces données sont plus élevées que dans un système pâturant mais elles s’expliquent par la surface limitée pour le pâturage et un droit à produire de 10 000 L / ha SAU. Mon objectif est d’optimiser la production laitière et de privilégier la santé animale avec des vaches en forme et fécondes. »
Remélanger le troupeau à la traite
Deux lots supplémentaires pour le tarissement
« Mais mon troupeau est réellement constitué de quatre lots », insiste Régis Hamon. Aux deux groupes en production, il faut ajouter le lot de début de tarissement et celui de préparation au vêlage (trois semaines pour les multipares et un mois pour les génisses). « C’est surtout sur cette ration « préparation au vêlage » que j’ai gagné. » De 2 à 3 fièvres de lait par mois, l’élevage n’en a recensé que trois cette année dont deux animaux qui ne sont pas passés par ce lot…
Meilleure ingestion en ration mélangée
Depuis 2015, le troupeau est passé en ration mélangée. « On peinait au niveau de l’ingestion. » La mélangeuse, d’une capacité de 16 m3, nécessite deux remplissages. Les rations sont donc adaptées selon les besoins spécifiques des deux lots principaux. Les primipares vêlent à 25 mois. « Je souhaite qu’elles prennent du coffre durant la première lactation, elles produiront du lait sur les lactations suivantes, durant une carrière plus longue permise par ce vêlage précoce », précise l’éleveur.
La gestion par lots permet un bon compromis : réduire à la fois le coût de la ration de fin de lactation et distribuer une ration suffisamment riche en début de lactation pour ne pas brider le démarrage de production. Autre solution en cas de surface limitée au pâturage ou pour éviter tout risque de surpâturage : réserver l’accès à l’herbe au lot de fin de lactation pendant 4-5 mois de l’année, avec une ration économe et distribuer une ration soutenue à l’auge pour favoriser le lait en démarrage de lactation. Jean-Félix Torchen, consultant nutrition à BCEL Ouest