Les responsables de la section porc de la Coordination rurale souhaitent lancer une filière proposant une viande avec davantage de goût et une meilleure conservation naturelle.
« De nombreux éleveurs de porc ne gagnent plus leur vie », constatent Catherine Laillé, éleveuse et secrétaire générale de la Coordination rurale nationale, et Pascal Aubry, éleveur et président de l’Onep (Organisation nationale des éleveurs de porcs), section spécialisée de la Coordination rurale. « Récemment, nous sommes allés rencontrer des responsables de GMS et des bouchers / charcutiers. Des enseignes de grande distribution se disent prêtes à mieux valoriser le porc si nous leur proposons une viande de qualité supérieure au standard, avec des volumes suffisamment importants. »
[caption id= »attachment_23747″ align= »aligncenter » width= »800″] Catherine Laillé, éleveuse et secrétaire générale de la Coordination rurale nationale, et Pascal Aubry, éleveur et président de l’Onep.[/caption]
Discussions avec les distributeurs
Le mardi 29 novembre à Melesse (35), les responsables ont détaillé la stratégie de différenciation dans laquelle ils enten-
dent réunir un maximum de producteurs. « Nous souhaitons proposer un porc de haute qualité gustative et nutritionnelle qui se conserve plus longtemps. La commercialisation se ferait via un contrat tripartite producteur-abatteur-distributeur avec une valorisation déconnectée du prix du marché au cadran, des quantités précises pour un marché donné. Pour le moment, les transformateurs ne se montrent pas très intéressés… Mais nous sommes en phase de discussion avec des distributeurs. »
Pour les éleveurs, les changements à envisager sont d’ordre alimentaire. « Ils peuvent garder leurs conditions d’élevage. L’alimentation à donner aux porcs est par contre enrichie en silice activée, en antioxydants naturels et en graines de lin extrudées », explique Martin Panifeux, spécialiste de la nutrition animale. « Les producteurs ne prennent pas de grands risques… »
« S’en sortir par le haut »
Pour obtenir une viande différenciée par rapport au standard, cette alimentation enrichie doit être donnée aux porcs sur au moins six semaines de finition. Des mesures de pH, de couleur de viande, des analyses d’acides gras peuvent permettre de contrôler la qualité. Comme le précise Catherine Laillé, « ce type de production avec plus de goût et utilisant moins de produits chimiques répond aux attentes des consommateurs. Mais les producteurs doivent s’y retrouver… »
Depuis 2007, Pascal Aubry nourrit ses porcs avec ce type d’aliments et les vend en direct. « Ces produits sont appréciés, y compris en restauration collective à Laval. Les clients s’y attachent et les carcasses sont vendues plus cher : à 1,70 € par kg. Un prix stable depuis plusieurs années », chiffre l’éleveur. « Aujourd’hui, nous devons nous démarquer. Avec les porcs standard, nous ne serons jamais assez compétitifs sur les coûts de production. »
Analyser pour mieux alimenter
Non absorbée par l’animal, la silice passe ensuite dans le lisier, fixant l’oxygène de l’air. « On oriente l’effluent vers une macération plutôt qu’une putréfaction. Il sent moins et l’ambiance est améliorée. De plus, le lisier est moins agressif, plus liquide et plus riche en azote organique. » De son côté, l’aliment à base de graines de lin extrudées apporte une viande équilibrée au niveau des acides gras.