Les quatre premiers porteurs de projets agricoles à bénéficier d’un soutien du fonds régional Brit vont recevoir chacun 50 000 € pour consolider leur reprise d’élevage en porc ou viande bovine.
« Le fonds d’intervention Brit qui s’élève à 11 millions d’euros actuellement existe depuis 10 ans. Il est financé par la Région et la Caisse des dépôts », explique Patricia Lasnier, co-présidente du réseau associatif Initiative Bretagne qui orchestre le dispositif. « A ce jour, nous avons déjà accompagné 2 350 repreneurs de l’artisanat et du commerce, représentant 11 000 emplois sur le territoire breton. »
Effectivement, Brit (pour Bretagne reprise initiative transmission) est destiné à faciliter la reprise de très petites entreprises (TPE) ou petites et moyennes entreprises (PME). « Objectif : aider les entrepreneurs à renforcer leurs fonds propres en leur accordant des prêts d’honneur personnels sans garantie et sans intérêt, avec la possibilité d’un différé de remboursement pouvant aller jusqu’à 3 ans. Cela crée un effet de levier important facilitant l’accès au crédit bancaire », détaille Cécile Le Bihan, coordinatrice pour Initiative Bretagne.
Conforter les trésoreries
Certains projets agricoles sont désormais éligibles. « Dans le cadre des Plans régionaux Porc de février 2016 et Viande bovine de mai 2016, nous l’avions annoncé. La Bretagne est la première région à intégrer l’agriculture dans ce type de dispositif », rappelle Olivier Allain, vice-président du Conseil régional. « Compte tenu du montant des capitaux nécessaires pour reprendre une exploitation aujourd’hui dans ces filières, il était important d’innover en termes de financement de l’activité d’élevage qui est déterminante pour notre tissu rural. »
Compte tenu des capitaux nécessaires pour reprendre une exploitation aujourd’hui, il est important d’innover en termes de financement de l’élevage.
Les bénéficiaires abondent. Florent Isambard rachète l’exploitation porcine familiale à Bazouges-la-Pérouse (35) et l’engage dans une conversion en bio. Transformer complètement les porcheries existantes, construire deux nouveaux bâtiments et changer tout le cheptel. « Pour 95 truies à l’arrivée en système naisseur-engraisseur bio, l’investissement s’élève à 1,2 million d’euros. Je me suis battu des mois pour faire passer mon dossier auprès des banques. Mon projet de conversion impliquant de démarrer par 8 mois sans rentrée d’argent, cet apport du fonds Brit bénéficiant d’un différé de remboursement va conforter mon lancement. » Hors cadre familial, Fabrice Jouan reprend, lui, un atelier de 530 places de veaux de boucherie sur 30 ha à Evellys (56). S’il avait déjà un accord bancaire au moment de candidater auprès d’Initiative Bretagne, il apprécie ce soutien qui va « prendre une grande place dans la trésorerie de départ ».
Aviculteurs et serristes bientôt éligibles ?
A Pocé-les-Bois (35), Thomas Hervagault reprend les rênes du troupeau de 100 mères allaitantes de son père. Montant : 600 000 €, sans bâtiment. « En viande bovine, le cycle de production est long. Il n’y a pas de rentrée d’argent régulière. Ce prêt d’honneur représente un matelas de sécurité. » Enfin, à Poullaouen (29), Antoine Grannec succède à ses parents à la tête d’un atelier naisseur-engraisseur de 290 truies. Un projet à 1,5 million d’euros. « J’ai d’abord imaginé racheter des parts sociales avec les 50 000 € attribués car mon plan de financement était déjà validé. » Il a finalement gardé cette somme en disponibilité. « Ce sera un plus pour obtenir de meilleurs taux pour les prochains prêts à courts terme. »
Pour conclure, Olivier Allain a insisté sur « le label Brit, gage de viabilité, de crédibilité et d’indépendance pour les organismes financiers ». Le Comité d’agrément des dossiers agricoles d’Initiative Bretagne étant constitué de juristes, de chefs d’entreprise, d’experts comptables et d’intervenants spécialisés du développement économique… Mais pas d’élus politiques ou de représentants syndicaux. « Vu les capitaux importants à engager et la rentabilité faible constatée en agriculture, ces prêts d’honneur peuvent être déterminants dans une recherche de financement. Nous réfléchissons d’ailleurs à ouvrir cette opportunité aux aviculteurs et aux serristes qui ont la même problématique qu’en porc ou en viande bovine… »