Selon les responsables, la régionalisation des Chambres d’agriculture en Bretagne, une première en France, doit permettre de mieux accompagner les agriculteurs pour relever les défis agricoles de demain.
La régionalisation des Chambres d’agriculture bretonnes est effective depuis le 1er janvier. Pour réaffirmer le cap à suivre, les présidents se sont donné rendez-vous au Gaec du Fros, à Plumaugat (22). Le décor d’une ferme, support de communication faisant écho « au travail de terrain et à la proximité avec les agriculteurs voulus par les responsables », a rappelé Jacques Jaouen, président de la Chambre régionale, avant de laisser la parole à ses hôtes.
Contrat MAEC cassé pour une conversion en bio
Jonathan Roulin, 30 ans, s’est installé en 2012 en reprenant les 35 ha de ses parents. Son associé Maxime Taurin, 25 ans, l’a rejoint en décembre dernier. Le 5 janvier, ils ont inauguré une 2e stalle de robot de traite suite à la reprise d’un cheptel et de 29 ha bordant. « Avec ce terrain aux portes de l’exploitation et des échanges parcellaires bien encouragés par notre maire, la structure est plus rationnelle. » Ce foncier groupé permet de développer le pâturage. « J’avais signé un contrat MAEC SPE 28 que nous avons cassé pour entamer une conversion en bio. Nous sommes dans un schéma herbager mais intensif : beaucoup de fourrage produit à l’hectare, 100 logettes, 105 vaches traites… Sans oublier un troupeau allaitant pour maintenir un bon chargement et produire beaucoup de fumier. » Les deux jeunes éleveurs affirment courir après « l’autonomie » dans tous les sens du terme : fourragère, énergétique, intellectuelle… Et ont de la suite dans les idées. Ils s’orientent de plus en plus vers des légumineuses, « cultures pérennes permettant de limiter les frais de mécanisation ». Un tracker solaire qui fournit en priorité l’exploitation avant le réseau EDF couvre un tiers des besoins du site et ceux de trois foyers.
[caption id= »attachment_24922″ align= »aligncenter » width= »606″] Vendredi 20 janvier, Maxime Taurin et Jonhatan Roulin ont accueilli les présidents des Chambres d’agriculture de Bretagne sur leur exploitation à l’occasion d’une conférence de presse sur la régionalisation des instances consulaires agricoles bretonnes.[/caption]
« Même les robots de traite nous apportent des services pour le suivi de l’alimentation, du sanitaire, de la reproduction… qui limitent le recours aux partenaires extérieurs. » Après des années difficiles marquées par de nombreux aménagements parcellaires et un prix du lait en berne, les associés s’avouent « sereins pour l’avenir » en approchant du jour où leur production (800 000 L de lait par an) sera certifiée en bio et payée en conséquence. « L’idée est de rapidement dégager chaque mois plus d’un Smic chacun ». Pour eux, « pas question de faire plus de volume sans revenu supplémentaire et en finissant à 22 h tous les jours. Pour retrouver une compagne qui fait la tête et ne pas voir ses enfants grandir ? Nous faisons tout pour ne pas vivre cela. »
Collaborateurs compétents
« Enjeux sociaux, technologiques avec la robotisation et la gestion du big data, territoriaux notamment sur le foncier, environnementaux… Le témoignage de Jonathan et Maxime est symptomatique de tous les défis stratégiques auxquels les agriculteurs ont et auront à faire face », reprenait Jacques Jaouen. « Dans le contexte actuel, l’objectif de notre réorganisation régionale est justement que nos collaborateurs, compétents, soient à l’écoute des agriculteurs et capables d’accompagner l’évolution exigeante des exploitations. »
Pour conclure, le Finistérien a assuré que les décisions continueraient à être prises dans les territoires. « Maires, présidents de communauté de communes… Avec des élus politiques de plus en plus coupés du terrain agricole, il faut être au plus près d’eux. Notamment sur la question du foncier. Il faut donc garder nos bureaux et nos élus dans les départements, qu’ils soient présents dans chaque lieu de décision. »