La viande a une histoire à raconter

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Les métiers de la boucherie demandent des compétences de plus en plus pointues. La formation proposée par l’Isffel de Saint-Pol-de-Léon va répondre à ces besoins.

Thierry Duval, président d’Interbev et naisseur-engraisseur de Limousines dans le Morbihan, pense « qu’en tant qu’éleveurs, nous ne pouvons plus être simplement des producteurs. Il faut désormais être attaché au produit vivant sortant de nos fermes, jusqu’au consommateur, qui peut être méfiant. Parfois, la transmission de nos messages s’arrêtait faute de trouver des ambassadeurs. Ce sera chose faite avec cette nouvelle formation ». Derrière ces mots, l’ouverture en septembre prochain d’une licence professionnelle, complétée par un certificat de qualification professionnelle (CQP). Ils formeront des étudiants aussi bien aux techniques de la boucherie (stockage des produits, désossage, piéçage…) qu’au management, marketing et connaissance de la filière viande. Porteur, le secteur promet au sortir de la formation 4 000 postes à pourvoir et ce, tous les ans.

Des femmes et hommes spécialisés

Le responsable poursuit : « La viande procure des plaisirs et doit devenir émotionnelle. De nos jours, la société a pris un virage et a besoin d’avoir une histoire à raconter. La viande a cette histoire ». Olivier Mevel, maître de conférences à l’université de Brest (29), ajoute que « dans l’échelle de confiance du consommateur, l’éleveur arrive en premier, suivi du boucher. Ensuite, c’est un grand vide. Cet apprentissage formera des jeunes qui parleront des 11 races allaitantes françaises ».

Former des ambassadeurs de la viande

« Nous sommes spécialisés dans l’enseignement supérieur en alternance, depuis 1993, pour ce qui concerne les produits frais, en abordant les secteurs de la grande distribution alimentaire, les grossistes, les industries agroalimentaires (IAA) et la logistique », explique Patrice Priser, directeur de l’Isffel, centre de formation, qui aura la tâche d’instruire les nouveaux apprenants. Avec l’Université Bretagne Occidentale et l’interprofession, cette spécialisation comprendra 2 sessions dès septembre prochain : une en Finistère, l’autre sur le site parisien de Montreuil. Dans le secteur proche de la capitale et dans les grandes villes, certains bouchers possèdent plus de 10 points de vente. Les diplômés de cette licence professionnelle en alternance Commerce Boucher Manager auront donc de solides armes en maîtrisant les aspects juridiques du métier, avec une bonne connaissance de l’amont.

Retrouver un coefficient de certitude

« Les volumes de viande vendus en boucherie artisanale représentent 14 %, la restauration hors foyer (RHF) pèse 20 %, le reste est acquis au GMS (Grandes et moyennes surfaces). Tous ces secteurs sont en baisse, cette déconsommation a 2 origines : la ménagère fait son choix parmi d’autres viandes moins chères ainsi que des viandes au cœfficient de certitude élevé. Quand on achète de la viande de porc ou de poulet, on est quasiment certain qu’il sera bon. Pour la viande rouge, la certitude de trouver une bonne viande dans l’esprit du consommateur n’est pas assurée. Il se tourne alors vers les steaks hachés, qui ont le désavantage de dénaturer le produit et d’abaisser le revenu des éleveurs. Il faut donc redonner de l’importance à la filière, et travailler sur la présentation de la viande », estime Olivier Mevel.


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