Les effluents des fermes voisines dans le méthaniseur

Bruno Calle et Ludovic Jarligant devant la nouvelle fosse de stockage du digestat liquide de 6 000 m3. - Illustration Les effluents des fermes voisines dans le méthaniseur
Bruno Calle et Ludovic Jarligant devant la nouvelle fosse de stockage du digestat liquide de 6 000 m3.
Courant 2017, les associés du Gaec des moulins de Kerollet, à Arzal (56), vont doubler la capacité de leur méthanisation. Les effluents de 4 exploitations ne souhaitant pas investir dans ce type d’installation vont y gagner en valeur fertilisante.

« Les agriculteurs doivent prendre conscience que leurs effluents d’élevage ont de la valeur, et y réfléchir notamment à chaque projet de construction. La méthanisation fait partie des opportunités de diversification, à condition d’avoir du fumier et du lisier frais transférables », souligne Bruno Calle, associé du Gaec avec son frère Erwan et Ludovic Jarligant. « Nous sommes situés sur une zone séchante, avec 700 mm d’eau par an en moyenne. Avec une politique basée sur 3 à 6 mois de stocks fourragers, et des marges discutables sur les cultures de vente, nous avons fait le choix d’investir dans la méthanisation en 2011. »

Avant la mise en place de cet atelier, l’exploitation comptait 50 ha de cultures de vente. Aujourd’hui, elles n’occupent plus que 15 ha. Par ailleurs, « la réglementation en système non pâturant nous oblige à avoir une capacité de stockage des effluents de 6 mois. Nous avons fait de cette contrainte un atout en installant une couverture afin de stocker le biogaz. » Autre intérêt de la méthanisation, « nous avons réduit les achats d’ammonitrate de 50 t à 5 t aujourd’hui. L’acquisition de matériel d’épandage sans tonne va nous permettre de gagner en souplesse d’intervention et de parvenir à notre objectif de zéro achat de minéral. »

Autonomie actuelle à 80 %

Le méthaniseur du Gaec est alimenté à 60 % par les fumiers et lisiers de l’exploitation, et à 20 % par des Cive (Cultures intermédiaires à vocation énergétique) produites sur la ferme, quelques refus d’alimentation et stocks de report. Les 20 % restants proviennent d’entreprises locales : sous-produits de laiterie, marc de pomme, produits de trituration…

Hydrocurage

L’élevage dispose d’un séparateur de phase en sortie de fosse à lisier. « Dans la stabulation, nous avons 5 couloirs qui sont hydrocurés par réutilisation de la fraction liquide, la fraction solide va directement en méthanisation. » Les fumiers, lisiers et autres matières fermentescibles sont d’abord préparés dans une fosse à hydrolyse, avant de rejoindre le digesteur où le biogaz est majoritairement produit.

Du gaz est aussi récupéré au niveau du post-digesteur. Les effluents vont ensuite dans un 2e séparateur de phase. Un investissement que les éleveurs ont réalisé fin 2016 pour obtenir deux produits bien distincts en sortie de méthanisation. « L’effluent liquide, à 3 % de MS, contient principalement de l’azote. La partie solide est riche en phosphore et potasse, parfait pour la luzerne par exemple… Elle est également séchée pour servir de litière aux vaches. »

[caption id= »attachment_24728″ align= »aligncenter » width= »596″]La dalle aéraulique permet de sécher les fourrages, les semences fermières, les plaquettes de bois… La dalle aéraulique permet de sécher les fourrages, les semences fermières, les plaquettes de bois…[/caption]

Un projet de territoire

Prochainement, un 2e moteur de cogénération de 360 kWh va être installé, ce qui va porter la puissance totale à 720 kWh, soit la consommation d’électricité de 1 000 maisons. « Quatre exploitations situées dans un rayon de 3 km vont amener leurs effluents pour les passer dans notre méthaniseur. Ils ont observé l’intérêt des digestats sur les cultures, grâce notamment à un azote beaucoup plus efficace. Les effluents des fermes voisines seront analysés (N, P, K) et les producteurs viendront récupérer des digestats. « Nous avons dû faire un plan d’épandage mutualisé. »

Séchage des fourrages pour davantage d’autonomie

Dès 2012, les éleveurs ont créé une plate-forme de séchage de plaquettes de bois pour valoriser la chaleur issue du refroidissement du moteur de cogénération. « Nous faisons de la prestation de séchage pour alimenter la chaudière de la laiterie située à 15 km de l’exploitation, et du négoce de bois séché. »

En 2016, une dalle aéraulique a été autoconstruite pour bénéficier de fourrages de meilleure qualité, récoltés au bon stade. « Dès que le lait baisse dans le tank, la parcelle d’affouragement en vert est débrayée pour faire un foin pouvant atteindre 0,90 UF. » La grille est installée sur une charpente, elle-même située au-dessus d’une fosse permettant le passage de l’air chaud. Les fourrages, les semences fermières et les plaquettes de bois peuvent être séchés.

Améliorer la performance des sites

Le 1er groupe breton de méthaniseurs figure parmi les projets 2016 de la démarche AEP (Agriculture écologiquement performante) soutenue par la Région. Le collectif qui comprend 36 unités forme aussi un GIEE (Groupe d’intérêt économique et environnemental) et s’inscrit dans le cadre de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF) où les projets sont portés par des capitaux agricoles. « Le groupe cherche à sécuriser le modèle de la méthanisation agricole en travaillant notamment sur deux thématiques : une meilleure maîtrise des Cive et la réduction de la consommation d’engrais minéraux en valorisant au mieux les digestats et favorisant les échanges de biomasse entre exploitations », expliquent les responsables.


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article