Les professionnels de la filière œuf tirent la sonnette d’alarme

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En octobre dernier, l’interprofession française des œufs (CNPO – Comité National pour la Promotion de l’Œuf), présentait son « Contrat Sociétal d’Avenir » dont l’objectif principal est d’adapter les modes d’élevage aux attentes sociétales, en se fixant notamment pour cible d’atteindre 50 % de poules pondeuses en élevages alternatifs d’ici 2022.

Depuis cette date et à grand renfort de communication, la quasi-totalité des enseignes de distribution a fait des annonces de retrait définitif des œufs de poules élevées en cages aménagées, sans tenir compte ni des contraintes de temps, ni des problématiques techniques et encore moins de l’impact économique de ce chantier de très grande envergure pour les éleveurs. Sans engagement de la part des entreprises qui bénéficient des retombées positives de cette agitation médiatique qu’elles créent en communiquant, la filière française ne saura répondre à cette forte demande sociétale.

L’objectif du CNPO de passer de 32% à 50 % de poules en systèmes alternatifs est en effet ambitieux et coûteux. Il représente des investissements de près de 500 millions d’Euros. Cette nouvelle étape arrive seulement 4 ans après la mise aux normes européennes qui a déjà couté 1 milliard d’euros à la filière.

Les professionnels du secteur, collectivement proactifs et mobilisés dans cette démarche, dénoncent des effets d’annonce ainsi que des calendriers et des conditions financières intenables pour les éleveurs et l’ensemble des maillons de la filière. Ils appellent les enseignes de distribution à assumer leur part de responsabilité dans cette évolution de la filière et à travailler en concertation avec les professionnels du secteur. Dans le cas contraire, la multiplication des ruptures d’approvisionnement est déjà à prévoir dans les rayons, ainsi qu’une explosion des importations et la faillite toute entière de la filière française.

Afin d’éviter ce scénario catastrophique pour la filière mais également pour l’ensemble de ses clients, le CNPO demande aux distributeurs :

  • de s’engager à travailler collectivement et de façon constructive autour du « Contrat Sociétal d’Avenir », véritable plateforme de travail déjà saluée et soutenue par le ministre de l’agriculture,
  • de s’engager concrètement à contribuer au financement des arrêts de production en cages aménagées pour développer les élevages alternatifs à hauteur de 100 millions d’euros sur les 500 millions nécessaires sur 5 ans,
  • de s’engager notamment par une contractualisation moyen et long termes avec leurs fournisseurs d’œufs, afin d’apporter aux éleveurs la visibilité nécessaire dans le temps pour la réalisation de ces investissements colossaux.

Ces engagements conjugués avec ceux des professionnels de l’œuf sont la seule démarche qui permettra d’emmener la filière dans sa globalité vers une transition attendue par les consommateurs.

Le « Contrat Sociétal d’Avenir »

Cette démarche collective volontaire résulte d’un long travail débuté en 2014. Il s’agit de répondre à la montée en puissance des attentes sociétales, entraînant notamment une demande croissante en œufs issus d’élevages alternatifs (bio, plein air dont Label Rouge, sol). Dans son Contrat Sociétal d’Avenir, la filière a donc décidé de donner un coup d’accélérateur à ces productions, déjà passées de 6,3 % de l’effectif total de poules pondeuses en 1996 à 32 % en 2015.

L’initiative des professionnels, encouragée et soutenue par Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, prépare les bases nécessaires à la pérennité de la filière et de l’ensemble des acteurs du secteur des œufs, depuis l’accouvage jusqu’à la distribution en passant par les éleveurs, les centres de conditionnement, etc…

500 millions d’euros d’investissements sur 5 ans

La France, n°1 de la production en Europe, élève aujourd’hui 68 % de ses poules pondeuses en cages aménagées (32 millions) et 32 % (15 millions) en systèmes alternatifs (sol, plein air, bio). Il s’agit donc de modifier le système d’élevage de 10 millions de poules en systèmes alternatifs d’ici 2022, à raison de 2 millions de poules par an à partir de 2017, pour préserver le potentiel de production de la filière. 500 millions d’euros seront au total nécessaires pour remplir l’objectif, soit 100 millions d’euros par an.

De nouvelles mesures complémentaires en faveur du bien-être animal

Les professionnels des œufs en France et dans l’Union européenne répondent déjà à une règlementation sur le bien-être animal la plus stricte au monde. Au-delà des aspects réglementaires, la filière française va toujours plus loin pour assurer le bien-être des poules. Dans le cadre du Contrat Sociétal d’Avenir, elle s’engage notamment dans des travaux de recherches visant à poursuivre la réduction de l’utilisation des antibiotiques, faire évoluer les techniques d’épointage, etc. La filière met également en place de nouveaux outils afin de faciliter la mesure du bien-être animal. Une application mobile à destination des éleveurs sera ainsi développée pour effectuer des mesures strictes de différents critères liés au bien-être des poules pondeuses en élevages. Elle sera accompagnée d’un catalogue répertoriant des pistes d’amélioration relatives aux différents critères évalués.

La Charte « Pondus en France » renforcée

La qualité sanitaire fait également partie des volets abordés par la filière dans son Contrat Sociétal d’Avenir. Le CNPO a notamment pour ambition de renforcer la Charte « Pondus en France » en soumettant ses signataires à l’obligation de se conformer à la Charte Sanitaire. Le développement durable fait aussi partie des priorités de la filière et la Charte « Pondus en France » va engager ses signataires à assurer une alimentation durable et de qualité aux poules pondeuses par le biais de la démarche Duralim et de la certification Oqualim.

Un avenir projeté en concertation avec les associations de consommateurs et de défense animale

À l’écoute du marché, l’Interprofession s’engage à travailler en concertation avec des associations de consommateurs, des ONG engagées pour le bien-être animal et la distribution, afin d’apporter des pistes de réflexions pour les élevages de demain.

Source CNPO / communiqué.


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