Comprendre les signes que les bovins montrent et réagir en adaptant sa conduite peut permettre d’optimiser son système, avec à la clé une meilleure performance économique.
Détecter rapidement les signes que les vaches montrent et intervenir au plus tôt, en adaptant la ration, le logement… est une piste intéressante de progrès pour les éleveurs. Elle faisait l’objet d’une formation organisée par Eilyps en novembre dernier. « Regarder, écouter, sentir, toucher… Il faut faire appel à tous ses sens, sans a priori, pour tenter de comprendre les animaux », précise Pauline Woehrlé, responsable du pôle agriculture biologique et durable chez Eilyps.
Ne pas déranger en début d’après-midi
[caption id= »attachment_24928″ align= »aligncenter » width= »680″] À 14 heures, 75 % des vaches doivent être couchées, dont 75 % ruminent.[/caption]
Rappelons d’abord que les vaches ont besoin de repos : elles passent en moyenne 7 – 8 heures à ruminer et 12 – 14 heures à dormir, lors de phases réparties sur toute la journée. Après la traite du matin, elles mangent leur repas le plus important de la journée, puis entament en début d’après-midi leur phase de rumination la plus longue sur plusieurs heures. « Il est préférable de ne pas les déranger à ce moment. Il vaut mieux repousser les fourrages à des moments naturels de consommation, jamais avant une phase de rumination. La production laitière est d’ailleurs liée au temps de repos. »
Pour observer ses animaux, on doit d’abord vérifier l’homogénéité du troupeau ou d’un lot sur plusieurs points : l’état d’engraissement, la propreté, la couleur et texture de la peau, le comportement et le rythme alimentation / repos. « Pour la propreté, si les animaux sont sales en dessous d’une ligne allant du pli du grasset à la pointe du coude, un problème alimentaire peut être suspecté. Si elles sont sales au-dessus, ce sera davantage dû à l’environnement : humidité, pailleuse, pas de brosse… »
Entre 40 et 60 coups de mâchoire par bol alimentaire
Autre point, la stabilité ruminale. Un problème de rumen peut être caractérisé par le léchage en arrière de l’épaule et des bouses variables. La rumination est aussi un bon indicateur. « 75 % des vaches doivent être couchées à 14 h, dont 75 % ruminent. » L’éleveur peut aussi, de loin, compter les coups de mâchoire par bol alimentaire : avec moins de 40 coups, la ration est déficiente en fibrosité, et avec plus de 60 coups, c’est l’inverse.
Diagnostiquer les dérèglements alimentaires
Pour valider une bonne balance des apports énergie / azote dans la ration, on regardera les symptômes qui sautent aux yeux : sur les bouses, les yeux, les museaux, les urines, les poils, les pieds, la peau… « Ils doivent être présents sur au moins 2/3 des animaux et avoir des dates d’apparition similaires. Il faut par ailleurs prendre en compte 3 critères sur au moins 3 sites de l’animal. » Voici quelques signes à observer, certains peuvent avoir plusieurs significations.
Signes qui traduisent un excès d’énergie ou une carence en azote :
bouses qui pétillent – bouses liquides ou molles (jaunes) – bouses acides / lunules rouges – congestion des bourrelets coronaires / museaux collants – écoulements du museau – museaux rouges / muqueuses des yeux rouges – Écoulements clairs et/ou croûtes noires sous les yeux / urines transparentes – très abondantes – émission du jet interrompu / léchage en arrière de l’épaule ou sur les flancs / vaches excitées ou agressives.
Signes qui traduisent un excès d’énergie et d’azote conjugués :
lunules rouges – congestion des bourrelets coronaires / museaux collants – écoulements du museau – museaux rouges / urines transparentes – très abondantes – émission du jet interrompu / vaches excitées ou agressives.
Signes qui traduisent un excès d’azote et un gros déficit en énergie :
bouses liquides ou molles (vertes / marron) – odeur des bouses sentant le pourri / écoulements jaunâtres des yeux / crête de poil à l’échine – peau ocre – peau grasse / urines jaunes foncées.
Signes qui traduisent un manque d’azote et d’énergie :
présence de fibres dans les bouses – fibres avec grain dans les bouses / œdèmes des paupières – relâchement de la 3e paupière (située dans l’angle interne de l’œil) / poils piqués et désorganisés – poils ondulés – peau sèche / vaches molles.
Signes qui traduisent un apport d’azote suffisant et un déficit énergétique :
bouses liquides ou molles (vertes / marron) / museaux blancs / muqueuses des yeux blanches.
Pour en savoir plus
- Des formations sont organisées sur ce thème par Eilyps (contact : 02 99 606 706) et BCEL Ouest (0 810 56 29 22).
- Livres : « Les vaches nous parlent d’alimentation : 143 symptômes bovins », Dr Giboudeau, collection « L’élevage autrement » / « Signes de vaches – Connaître, observer et interpréter », Jan Hulsen.
- Travaux de Jean Cousineau, Institut de technologie alimentaire, Québec.