Quand les fêtes sont terminées, c’est le porte-monnaie du consommateur qui est à la fête. Du moins, si pour son régime, il se met plein régime sur les légumes frais prêts à l’emploi.
Les grandes surfaces ont senti le filon. On ne peut pas leur reprocher de si bien connaître la définition du mot consommateur : « Homo sapiens, pas très courageux, qui préfère payer pour qu’on lui épluche et tranche ses légumes plutôt que se salir les mains ». C’est ainsi que toute une gamme de légumes en « fraîche découpe » s’est progressivement étoffée dans les rayons des hyper et supermarchés. On connaissait les carottes râpées nature à 6 €/kg ; les voici à présent rehaussées d’une rondelle de citron et d’un brin de persil. Ainsi décorées, elles ne prennent pas un gramme au kilo, mais pèsent un euro de plus par kilo sans se presser le citron.
Un peu de persil sur du chou râpé ? Et voilà la famille Brassica qui bat de la feuille à 7 € le kilo quand, à quelques rayons de là, son copain bien joufflu fait chou blanc avec son ridicule 1,80 €/kg. Mais le raffinement, c’est bien sûr le mélange : trois couleurs de poivrons, une enfilade d’oignons rouges et c’est l’arc-en-ciel à 12 €/kg dans l’assiette.
Faut-il voir dans cette inflation des prix l’explication que près de 4 Français sur 10 ne consomment pas au moins un légume par jour ? Les prix seuls ne sauraient justifier ce faible engouement du consommateur à croquer des légumes à pleines dents. Cette semaine en Bretagne, chacun pouvait s’offrir le luxe d’un repas familial à 1,35 € en craquant pour un beau chou-fleur breton. À se demander si Homo sapiens, qui se définit comme l’homme savant, a encore quelque chose dans la citrouille.